Par : Ali Maïassi
Une année déjà passée depuis cette date fatidique du mardi 05 octobre 2021, celle qui nous est parvenue d’Oran et reçue comme une onde de choc. La population bônoise semble encore mystifiée par les secousses telluriques d’un tel évènement et abasourdie, voire abattue par la nouvelle, tombée tel un couperet.
Zouheir Negli, l’enfant prodige du handball annabi, puisqu’il s’agit de lui, celui qui a consacré toute son existence, toute son énergie pour cette discipline qui nous a tant honoré, ce monument sportif pour ne pas dire ce mythe nous a, hélas, quittés pour un aller sans retour. Mais le comble de ce scénario imprévisible est qu’au moment où l’on s’y attendait le moins, notre ange s’enest allé à pas feutrés, sans se retourner et sans même nous aviser pour nous saluer une dernière fois. Et pourtant, nous nourrissions l’espoir d’un prompt rétablissement…Mais il était dit, quelque part ailleurs dans l’au-delà, qu’il allait être vraisemblablement rappelé à son Seigneur. Alors, fatalement, nous ne pouvions que nous soumettre et nous incliner devant cette implacable loi du divin. Et dire que Zouheir avec sa longue silhouette habituelle est parti pour de bon : j’ai du mal à l’admettre ou à l’imaginer, lui qui, après avoir accompagné sa petite fille au lycée, passait me voir matinalement voire ponctuellement au 24, rue Ibn Khaldoun pour converser à bâtons rompus des choses de la vie. Au fait, il y avait, entre nous deux, une complicité et une symbiose difficile à décrire. Avant d’être un ami, Zouheir était un grand frère à qui je vouais une estime sans commune mesure grâce à son talent d’orateur d’une part et à ses prodigieux conseils d’autre part, ceux d’un homme avisé et expérimenté.
Pour la petite histoire du handball annabi, joli fleuron de l’indépendance, et juste après le double titre conquis haut et fort par l’USM Annaba durant laSaison 1967/68, la plupart de nos ténors, maîtres de cette discipline à l’échelle nationale et international, avec à leur tête Idriss Lamdjadani, les frères Larbaoui et compagnie, ces derniers ont cru bon d’aller monnayer leur talent ailleurs, privilèges à l’appui et n’ont pas pu de ce fait, résister aux sirènes d’Alger. Seuls, quelques capés, joueurs, entraîneurs et dirigeants avec à leur tête Zouheir Negli, l’inamovible Mouloud Belhaouès, Abdelmalek Touhami, Segni Akacha, feu Azzedine Abdennour dit Zizi, Ahcène Moumen, feu Ahcène Djaballah, Abderrezak Darsouni, Youcef Hadj Moussa dit Noureddine et le regretté dirigeant de l’époque Raouf Ouddai, ces gens -là sont restés fidèles à la « Coquette » en sauvant les meubles du handball annabi tout en le protégeant d’une véritable hécatombe. Mais le mérite, le grand mérite revient sans nul doute au grand bâtisseur de cette displine, le regretté Zouheir Negli, qui a su redresser une situation fort compromettante, juste après l’éclipse de Rabah Chebira dit Cheb’s, un autre ténor du handball bônois.
Pour toutes ces raisons évoquées là-haut, nous allons vous présenter le CV, ô combien impressionnant et flatteur de ce joueur, entraîneur et éducateur hors pair.
Présentation du joueur
Zouheir Negli, né le 13 Juillet 1948 à Ain-Beida, marié et père de 03 enfants.
Il a débuté lors de la saison 1662/63 en Tunisie et a été à 73 reprises sélectionné dans l’équipe nationale.
Ses débuts remontent à sascolarité, quand il était à l’équipe du lycée Bardo (Tunisie) à la saison 1962/63. En 1964/65 il passe à l’Athlétique du gaz (STEG) Tunis : doublé Coupe et Championnat de Tunisie en Cadets. 1965/66 il passe avec les juniors de l’USM Annaba avant d’évoluer deux ans plus tard en sénior où il décroche le doublé Coupe et Championnat d’Algérie ainsi que sa 1ère sélection en équipe nationale civile et scolaire.
Il a participé à 3 reprises aux jeux universitaires Maghrébins, en 1968 (Alger), 1970 (Tunis) et 1972 (Casablanca) où il décrochât respectivement les médailles de bronze, argent et ragent. Il participa également aux deux premiers jeux Maghrébins et là encore il a fait honneur à Annaba et l’Algérie avec une médaille d’Argent à Rabat en 1969 et une autre médaille d’argent à Alger en 1970.
En 1973 il décroche ma médaille d’or à Lagos (Nigéria) avant de participer, l’année qui suit, au Championnat du monde à Berlin (République Démocratique Allemande). Il participa également au Championnat du monde à Lund (Suède).
Activités en tant qu’entraîneur :
- 1970/ 73 : NARA Annaba.
- 1974/75 : NADIT Annaba.
- 1976/77 : NADI CASOREC Annaba.
- 1978/79 : SRA Annabaen tant que Directeur Administratif et Financier.
- 1980/19991 : SRA AnnabaDAF/DTS et Entraîneur Séniors/Filles /Benjamins.
- 1991/1992 : NADI NEDJMA(Arabie Saoudite).
- 1999/2000 : NADI Ouargla.
- 2002/2004 : (Arabie Saoudite).
- 2005/2007 / OMA Annaba.
- 2008/2011 : NADI AHLY Jeddah(Arabie Saoudite).
- 2012 : MOULOUDIA d’Ouargla.
Zouheir Negli a formé une génération d’internationaux Séniors du SRA, dont voici quelques noms cités à titre d’exemple seulement : Abdelghani Loukil, Brahim et Hichem Boudrali, Sofiane Sahli et Hamza Ladaïssia.
Les internationaux espoirs du SRA sont les suivants : Ahcène Boukachabia dit Belharbi, Amar Bouchami, Lahbib Bouchami, Nacer Boussaïd sans oublier un certain Mohamed Khoubini ancien joueur de l’USMA et du NARA, sélectionné en Cadets mais dont la carrière fut de courte durée.
Une pensée pour le jeune et brillant handballeur Chahreddine Chahlaf du SRA à l’avenir prometteur, décédé malheureusement par noyade le 27 Mai 1990 sur les rives du Bosphore en Turquie lors d’un déplacement de l’équipe nationale Espoir.
Aussi, il m’est agréable et utile de vous informer que l’amicale des anciens Handballeurs de la wilaya d’Annaba a organisé le 01 et le 02 Mai 2014 à la salle Brahimi Saïd (Pont blanc), un Jubilé en l’honneur de Zouheir Negli pour services rendus au Handball annabi et ce, en présence de plusieurs invités d’honneur dont l’ancien Ministre des Sports et entraîneur de l’équipe nationale : Aziz Derouaz.
Pour terminer le récit d’un des plus grands et plus prestigieux athlètes, icône sportive bônoise, quel hommage puis-je encore te rendre mon frère Zouheir pour combler le déficit sentimental laissé par ton absence, si ce n’est ce modeste passage à ton égard. Sache seulement qu’ici dans ce bas-monde, j’éprouve une immense fierté de t’avoir connu, fréquenté, d’être à tes côtés pendant les moments difficiles, et enfin de t’accompagner à Sidi Harb jusqu’à ta dernière demeure devant une foule nombreuse où tristesse et mélancolie se lisaient sur tous les visages, une foule composée essentiellement d’un public sportif et plus précisément la famille du Handball, une discipline qu’on a tant aimée et choyée durant notre adolescence.
Dors en paix Zouheir. Le malheur de t’avoir perdu ne doit pas nous faire oublier le bonheur de t’avoir connu. Ton nom sera désormais inscrit en lettres d’Or sur les pages du temps que nul ne pourra effacer. Aujourd’hui, les anges du ciel, tous contents de te voir arriver, veilleront sur toi jusqu’à l’Eternité. Salut l’artiste de mes rêves d’enfance. Au fait, ce n’est qu’un « au revoir » en attendant demain, les grandes retrouvailles.
Ton p’tit frère et fidèle ami*