Par : C.Mechakra
Entre non-dits et un goût d’inachevé, le Président Macron a regagné la France, hier, après une visite de trois jours en Algérie. Une visite ‘’d’amitié’’, selon le jargon diplomatique, qui ressemble fort à un premier rendez-vous d’ados post querelle, selon une référence sociologique plus réaliste que triviale.
Cette reprise de contact à un haut niveau est certainement une victoire pour le président français fraîchement réélu après une élection mouvementée, porté qu’il fut par une campagne hostile contre notre pays, au cours de laquelle il renia jusqu’à l’existence de la nation algérienne…devant un parterre de Harkis.
Les regrets émis après le rappel de l’ambassadeur algérien à Paris et la crise qui s’ensuivit, ont été semble-t-il acceptés de ce côté-ci de la méditerranée. Pourtant, l’on se rappelle que le président de la république, M Tebboune, avait ressorti le dossier mémoriel qui ‘’nous sépare de la France’’, le plaçant en prérequis à toute reprise des relations, revues et corrigées s’entend.
Et c’est d’Alger, dont il était l’hôte, que le président de l’ancienne puissance coloniale rappellera qu’il n’en sera rien et que la France ne s’excusera pas, reléguant –comme ses nombreux prédécesseurs- la question mémorielle à des historiens. Rien de mieux qu’une ‘’commission’’ pour enterrer un dossier encombrant pour les uns, vital pour les autres. D’aucuns y voient même un fonds de commerce pour les deux parties.
Cela étant, cette visite est intervenue dans un contexte international très tendu, notamment au regard des conséquences de la guerre d’Ukraine et surtout de la position de chacun des deux pays à son endroit. Si Macron est doublement impliqué d’abord en tant que président de la France, ensuite en qualité de président de l’Union Européenne durant le premier semestre de l’année en cours, il n’en est pas de même pour l’implication de l’Algérie dans ce conflit qui oppose l’OTAN à la Russie.
En effet, si la France, l’U.E et l’occident en général ont pris fait et cause pour le régime de Zelensky en Ukraine, engageant leurs pays et leurs peuples dans une guerre dont ils payent lourdement les conséquences ; il n’en est pas de même pour l’Algérie, dont la neutralité, faute de mieux, est plus que respectable. Aussi, même si la fermeture du robinet de gaz Russe vers l’Europe, place l’Algérie dans une position de fournisseur d’appoint privilégié, solvable et crédible ; le pragmatisme et la realpolitik nous contraignent désormais, à en faire meilleur usage. Faut-il rappeler à notre hôte que lors de la pandémie de Covid 19, l’Afrique était la dernière à bénéficier des vaccins ?
Toutefois, il est permis de garder un brin d’espoir et pourquoi pas afficher un peu d’optimisme et entrevoir des lendemains meilleurs pour les relations entre les deux pays. A charge pour les gouvernants des deux pays d’effacer en nous cette impression d’assister derechef, au bétonnage du socle du statuquo qui a toujours lié nos deux pays.
Les deals et les non-dits, n’apparaissent jamais dans un communiqué commun. C’est ‘’systémique’’, comme on dit chez-nous.