Le 7 juin dernier, la marque NOTE COSMETIQUES Algérie, publiait sur ses réseaux sociaux, sa dernière collaboration avec une «influenceuse» pour venter la «couvrance infaillible» de son fond de teint best-seller.
D’abord passé inaperçue, cette vidéo qui enregistre aujourd’hui 3 millions de vues a largement été relayée sur les réseaux sociaux, par des internautes « outrés » . Elle suscite aujourd’hui un réel malaise social en Algérie.
Et pour cause, sur la vidéo en question, on voit « l’influenceuse » utiliser le fond de teint de la marque pour couvrir les ecchymoses et les bleus laissés par son conjoint sur son visage.
Une stratégie de communication vraisemblablement assumée par la marque et sa collaboratrice, qui ont pris soin d’adapter la musique de la vidéo à celle-ci, ne laissant aucun doute sur leur approche de marketing bel et bien fondée sur les violences conjugales faites aux femmes. En fond, on entend, la chanson « El Okd » de Elissa qui aborde les relations conjugales abusives et violentes.
Face à l’ampleur des contestations, la page Instagram de la marque a verrouillé les commentaires pour mettre fin à la polémique sans pour autant retiré la vidéo qui est le fruit d’une collaboration rémunérée.
A l’heure où cette campagne marketing bat son plein, «Feminicides Algerie» dénombre 23 femmes algériennes ayant été victimes de féminicides depuis le début de l’année. Rien que durant cette semaine, trois femmes ont échappé à des tentatives de meurtres perpétrées par leurs conjoints.
Dans une absence de réglementation totale du contenu publicitaire sur les réseaux sociaux, il convient de soulever le concept de « romantisation », voire de « glamourisation » des violences conjugales dans cette vidéo promotionnelle.
Quel message subliminal envoie ce spot publicitaire à un public majoritairement jeune et féminin, habitué à consommer les réseaux sociaux, et ce qu’ils ventent, de manière quasi intuitive ?
Sur les commentaires mitigés laissés en bas de cette vidéo, on peut encore lire : «Mon mari m’a tabassée hier soir ! Oh, nous avons la solution, un peu de fond de teint et puis HOP tout est caché».
« A quel moment on cache la violence conjugale, au lieu de la dénoncer », ou encore, « Il y’a des femmes qui meurent de violences conjugales ».
Une question demeure relativement à l’approche de la marque : S’agit-il là d’un faux pas dans sa stratégie de communication, ou d’un acte délibéré destiné à créer un « Bad Buzz », tout aussi convoité aujourd’hui pour certains « marketeurs » ?
Par : Lilia Mechakra