Le tribunal d’Annaba rendra, demain jeudi 16 octobre, son verdict dans une affaire qui a profondément secoué la commune d’El Bouni. L’ancien président de l’Assemblée populaire communale (APC) et son présumé complice sont poursuivis pour demande de pot-de-vin et obtention d’un avantage indu estimé à 140 millions de centimes. Lors de l’audience du jeudi 9 octobre, le procureur avait requis dix (10) ans de prison ferme à leur encontre.
L’affaire remonte au 3 juin dernier, lorsqu’un habitant du quartier de Chabbia, identifié sous les initiales B.A., a déposé plainte auprès du parquet d’El Hadjar. Dans sa déclaration, il affirmait que le maire d’El Bouni, N.M. (42 ans), et un intermédiaire, R.T. (52 ans), lui avaient demandé la somme de 140 millions de centimes pour empêcher la démolition de sa bâtisse située dans le quartier d’Aïn Djebara. L’opération de démolition avait été engagée par les services de la commune, accompagnés de la force publique, avant que le maire n’intervienne personnellement pour la suspendre.
Selon le plaignant, le maire lui aurait ensuite proposé de “régler” sa situation administrative contre une somme d’argent, laissant entendre qu’il partagerait le montant avec d’autres personnes. Trois enregistrements téléphoniques entre le plaignant et l’intermédiaire, remis aux enquêteurs, ont constitué un élément déterminant dans l’ouverture de l’enquête judiciaire. Ces enregistrements, selon la procédure, ont confirmé la teneur des échanges où l’intermédiaire insistait sur la remise du montant exigé pour éviter la démolition.
Alertée, la Brigade de Recherche et d’Investigation de la Gendarmerie nationale a mis en place un plan d’intervention. Un piège a été tendu dans une boulangerie appartenant à la victime, au moment de la remise d’une partie du pot-de-vin, soit 70 millions de centimes, à l’intermédiaire. Ce dernier a été arrêté en flagrant délit, tandis que le maire a été interpellé peu après dans son bureau. Lors des perquisitions, les enquêteurs ont découvert dans la voiture de fonction du maire le reçu original du dossier de régularisation du plaignant, document censé être conservé au service de l’Urbanisme.
Devant le tribunal, l’ex-maire a nié toute implication, affirmant n’avoir “jamais demandé d’argent” et que son intention “n’était pas malveillante”. Son coaccusé, lui, a reconnu avoir récupéré l’argent à la demande du maire. La présidente du tribunal a évoqué 17 éléments de preuve accablants à l’encontre de l’ex-maire et 8 contre son complice, liés à l’abus de fonction et à la corruption.
Le verdict, très attendu, sera prononcé demain. Ce jugement devrait marquer un tournant dans la lutte contre la corruption locale dans la wilaya d’Annaba.
Par : Mahdi AMA












