Le prix du mouton demeure inexorablement élevé à Souk-Ahras où tout le monde tente, tant bien que mal, à gérer cette autre épreuve par ces temps de grandes spéculations et de déliquescence du pouvoir d’achat. Totalement maîtrisé par un circuit impénétrable, le marché n’augure pas de meilleurs jours pour les petites et moyennes bourses. Avec une somme de moins de 80.000 DA, les chances d’approcher le but sont déjà minimes et ceux qui maintiennent les achats à ce niveau, savent pertinemment que la majorité de la clientèle finira par abdiquer aux derniers jours.
”Je me demande si les quatorze millions déboursés pour l’achat d’un mouton ne sont pas, en soi, un geste d’encouragement pour ces spéculateurs qui ne manqueront pas d’avancer, d’ailleurs, les alibis les plus invraisemblables”, a critiqué un citoyen lambda. Les éleveurs évoquent, sans répit, un manque de fourrage et les difficultés dans l’exercice de l’activité pastorale. Les maquignons pointent du doigt les intrus à la profession et le reste n’est que palabres et radotages autour d’une fête religieuse dévoyée par la cupidité des uns et les “qu’en-dira-t-on” des autres.
La vente avec échéancier de paiement a trouvé preneurs du côté des salariés qui sont contraints de payer plus cher le produit avec, comme seul avantage, des versements échelonnés sur une période de trois à six mois. ”Je payerai un million de plus pour une bête de qualité reprochable (…). Je n’y peux rien”, a laconiquement expliqué un père de famille. Pour ces mêmes salariés, des coopératives parallèles à celles des œuvres sociales de chaque secteur sont nées pour mieux gérer cette situation.
”La commission des œuvres sociales a depuis longtemps perdu sa raison d’être à cause de son absence en pareilles circonstances. Même si ses membres s’impliquent dans l’achat, soyez convaincus que c’est au détriment des cotisants que l’affaire sera conclue”, a détaillé un fonctionnaire. Pour les couches défavorisées, aucune initiative n’est encore perceptible du côté des mille associations que compte la wilaya de Souk-Ahras. Encore moins auprès des recycleurs de la manne du contribuable, des élus-entrepreneurs, des diseurs de prêche à tout vent et les faux dévots.
Par : Abderrahmane.D