Le président de la République a indiqué, dernièrement, que la Commission d’historiens qui sera mise en place dans les prochains jours entre l’Algérie et la France, aura à traiter la question liée à la mémoire « sous l’angle historique et non politique ». « Nous nous sommes mis d’accord pour la mise en place d’une commission d’historiens dépolitisée. Je pense qu’elle pourrait être installée dans les quinze ou vingt jours qui suivent. Elle aura à traiter la question de la mémoire sous l’angle de l’histoire et non de la politique », a déclaré le président de la République dans un point de presse conjoint avec son homologue français, Emmanuel Macron. S’agissant du temps imparti aux spécialistes pour mener leur travail, le Président Tebboune a indiqué avoir évoqué avec son homologue français « un délai d’une année ou moins, si le travail est finalisé avant ». « Mais s’ils (les spécialistes) prennent encore plus de temps, tant mieux car les bonnes choses prennent du temps », a-t-il ajouté.
Enfin, un (petit) pas en avant, dont les résultats vont, peut-être, il faut l’espérer, aider non à oublier (c’est quasiment impossible, et cela n’a rien à voir avec toute idée de “rente mémorielle”. Car, selon Kitouni Hosni : « Nous sommes là, en présence d’un héritage mémoriel de longue durée, il imprègne la constitution de l’Être algérien, se transmettant de manière consciente ou inconsciente, de génération en génération », mais à panser bien des plaies et surtout, à amener sinon à une réconciliation, du moins à une certaine “compréhension” qui aidera à éliminer les obstacles à une coopération internationale plus sereine… bien plus en phase avec les vœux, les ambitions et les projets des générations post-indépendance. Ici et là-bas.
On notera qu’il a fallu pour cela que deux hommes, les deux, occupant les fonctions présidentielles, se rencontrent et… discutent du sujet, en dehors du tohu-bohu protocolaire… et, peut-être, sans témoins ou conseillers, “sans- gêne”. Pour s’entendre sur l’essentiel ! Car, il est évident, en matière de décisions politiques importantes pour l’avenir d’un pays, les discussions en aparté des dirigeants sont, bien souvent, bien plus profitables que celles menées en large délégation avec, tout autour, des conseillers supposés spécialisés (et des journalistes), en recherche de “gloires” ou de “scoops”.
On notera aussi qu’il y a, cette fois-ci, une nette et franche délimitation du terrain qui sera historique -donc relevant de la recherche, par des universitaires et d’autres, bien plus des universitaires que des autres, en dehors de toute politique. D’un côté de la Méditerranée comme dans l’autre, et outre Atlantique et ailleurs, ce ne sont pas les travaux scientifiques – chez nous aussi – sur le thème “Algérie : 1830-1962” qui manquent. Pour ma part, je pense même qu’il y en a suffisamment… Du très bon, du bon, du moins bon et… du mauvais. Et ce, dans beaucoup de langues. Pour les enrichir, il s’agit seulement d’ouvrir encore plus -tous les sujets- et encore mieux, ici et là-bas, les archives jusqu’ici classées, sous on ne sait quel “secret ” et, pour emprunter à Ahmed Cheniki, ne pas les transformer en “ lieu de rapports de forces”. Dans ce cas -ci, la mixité, ne sera qu’ “ une illusion, un simple cache-sexe” et une autre perte de temps et de confiance.
On notera aussi, bien que cela n’ait pas été exprimé clairement, qu’il faut désormais faire le tri entre ce qui est récit d’Histoire (historique) et récit de Mémoire (mémoriel) … sauf si ce dernier est soumis après son expression ou son écriture au tamis de l’historien agréé par l’Université et la Recherche scientifique.
Enfin, the last but not the least, il s’agira d’utiliser les compétences humaines compétentes et capables (hier et aujourd’hui) de résoudre l’équation… et d’écarter, entre autres, de la fameuse commission mixte à mettre en place, tous les “contrebandiers (et les droitiers) de la recherche en histoire”, plus particulièrement tous ceux qui ont beaucoup plus passé leur temps et gaspillé leur encre à discourir et tirer sur tout ce qui bouge ou dérange que chercher et écrire, avec exactitude et vérité. Il est clair que de sa composition, on verra déjà le résultat.
Grâce à cette démarche, l’histoire vraie sera validée ou re-écrite pour le plus grand bien des Etats… Quant aux mémoires populaires, ne serait-ce que pour se libérer des souffrances et des cauchemars, elles continueront à s’exprimer , à s’écrire, à se filmer… là aussi, librement.
Par : Belkacem Ahcène Djaballah