Par : Mustapha Bendjama
Plusieurs détenus d’opinion ont été remis en liberté provisoire ce mercredi, a indiqué le Comité national de libération des détenus (CNLD). A l’heure où nous mettons sous presse, le CNLD a recensé au moins 25 détenus ayant bénéficié hier de la mesure de libération provisoire au niveau de 8 wilayas.
A Batna, Fayçal Drid et Abdelaziz Boukhanoufa ont rejoint leurs domiciles après plusieurs semaines de détention. À Sétif, Abdelmalek Khatra, Chouaib Merabet, Nacer Benaissa et Hichem Debache ont quitté la prison. Abdelkrim Zeghileche, Lazhar Zouaimia et Houssem Eddine Belghit ont pour leur part quitté la prison de Constantine. A Tlemcen, ils sont au moins six à avoir bénéficié de cette mesure d’« apaisement » en faveur du Hirak et de ses détenus, il s’agit de Ahmed Mellouk, Faleh Hammoudi, Abdelhakim Bellabes, Fawzi Bachir, Mokhtar Mbarek, Mohamed Lezzaoui et Reda Zeroual. Laalami Chams Eddine dit Brahim et Ahmed Cherif Ketfi ont été libérés de la prison de Bordj Bou Arreridj alors que Hocine Boukezouha a quitté celle d’El Harrach à Alger. Mohamed Hocine et Mourad Bougherara ont été libérés respectivement à Boumerdes et Ouargla, alors que 5 autres militants ont été quitté leurs cellule à Chlef.
Par ailleurs, plusieurs autres militants et Hirakistes engagés ont été placés, hier, sous contrôle judiciaire après avoir été auditionnés par les magistrats instructeurs de plusieurs tribunaux. Cette mesure semble aller dans la même optique que celle de la mise en liberté provisoire des détenus d’opinion et militants poursuivis pour leurs activités au sein du mouvement pacifique populaire, dans le sens où les avocats ont été habitués à un placement quasi-automatique sous mandat de dépôt des personnes accusés pour leurs liens et activisme au sein du Hirak.
Cette décision prise par les autorités au niveau de plusieurs wilayas du pays laisse présager, selon de nombreux observateurs de la scène politique, que le pouvoir algérien a finalement décidé d’opter pour l’apaisement.
Contactée, maitre Zoubida Assoul, l’une des membres du collectif de défense des détenus d’opinion et présidente du parti l’Union pour le changement et le progrès (UCP), espère qu’il s’agit bien d’une mesure d’apaisement pérenne qui ne peut qu’être bénéfique pour l’Algérie.
L’avocate qui accompagnait, hier matin, Abdelkrim Zeghilèche et Lazhar Zouaimia chez le juge instructeur, près le tribunal de Constantine, estime qu’il s’agit, à priori, d’une mesure d’apaisement, même si, de son avis « on ne connait pas la suite qui va être donnée à leurs affaires ».
« On a besoin d’apaisement et de paix. Le pays en a besoin. Il faut relâcher tous les détenus poursuivis ou condamnés pour des délits d’opinion. Leur détention n’est en faveur de personne ; ni pour eux, ni pour leurs familles, ni même pour le pouvoir et le trésor public, surtout en cette situation de crise généralisée. J’espère que les autres détenus politiques vont bénéficier de la même mesure », affirme Me Assoul.
La présidente de l’UCP juge que cette mesure doit s’inscrire dans la durée. « C’est (la mesure d’apaisement) ce que nous souhaitons et ce à quoi nous appelons depuis le début de la répression en 2019. C’est une dérive politique qui ne profite à personne et qui sème une méfiance et un manque de confiance entre le citoyen et le pouvoir en place. »
Faisant référence aux anciennes remises en liberté de militants du Hirak, par le président Tebboune, qui avaient été interprétées comme des mesures d’apaisement, Me Assoul espère que « cette fois-ci, cela va s’inscrire dans la durée et ne pas être ponctuel ». « C’est dans l’intérêt de tout le monde », précise-t-elle.
Beaucoup d’observateurs n’hésitent pas à faire le lien entre la visite en Algérie du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinkin et cette décision des autorités politiques en Algérie. Pour sa part, Me Assoul, estime que cela peut se tenir comme analyse. « On peut toujours trouver des liens si on le veut. La politique extérieure est le reflet et le miroir de la politique intérieure. On ne peut pas dissocier entre l’intérieur et l’extérieur, car il y a une jonction entre les deux. La visite du secrétaire d’Etat américain peut être l’un des facteurs de cette décision politique en Algérie. Je crois qu’il y a un lien, mais j’espère que ce n’est pas que ça », conclut la présidente de l’UCP.