À partir du 4 novembre 2025, ARTE Radio met en ligne « La statue du sergent Blandan », un documentaire sonore signé Dorothée-Myriam Kellou. Pendant quarante-trois minutes, la réalisatrice franco-algérienne y explore les traces enfouies du passé colonial français à travers un symbole : la statue du sergent Blandan, érigée jadis à Boufarik puis déplacée à Nancy.
Tout commence sous la neige, à Nancy. Un homme, Malek, réalisateur algérien exilé en France, reconnaît une silhouette familière : celle du sergent Blandan, héros célébré de la conquête de l’Algérie. Enfant, il la voyait déjà à Boufarik. Aujourd’hui, la sculpture, « rapatriée » après l’indépendance, semble avoir traversé la Méditerranée pour continuer de le hanter.
De ce souvenir est né le projet de Kellou. Dans son enquête intime, elle remonte le fil de la mémoire de son père et interroge la persistance des blessures coloniales. « Comment se libérer d’un fantôme colonial qui a pris corps dans la pierre ? », demande-t-elle dans le podcast.
Autour d’elle, plusieurs voix accompagnent cette quête : Kenza-Marie Safraoui, conservatrice du patrimoine à Nancy, retrace le destin du monument ; Mohamed Titi, surnommé « Don Quichotte », cafetier à Boufarik, se souvient d’avoir participé à sa destruction en 1962. Ensemble, ils tissent une contre-histoire, entre archives, récits et émotions. « Ce récit dépasse la question coloniale : il parle de filiation, de transmission, de ce que l’on garde et de ce que l’on tait », confie la réalisatrice.
Déjà remarquée pour À Mansourah, tu nous as séparés (2019), récompensé au Festival Cinéma du réel et à Tétouan, Dorothée-Myriam Kellou poursuit ici son travail sur la mémoire franco-algérienne. « Nous sommes faits de ce que nous héritons, mais aussi de ce que nous décidons de regarder en face », dit-elle dans le podcast.
Disponible sur ARTE Radio, sa chaîne YouTube et toutes les plateformes d’écoute, « La statue du sergent Blandan » propose un voyage sonore entre deux rives, où l’histoire coloniale, longtemps tue, commence enfin à se dire.
Par : Aly D












