Depuis près d’un mois, les consommateurs de la wilaya d’Annaba font face à une absence préoccupante du poulet subventionné, qui semble avoir disparu des étals des marchés locaux. Pourtant, cette initiative, annoncée le 8 août 2024, visait précisément à stabiliser les prix des viandes blanches et à alléger le fardeau financier des ménages en offrant du poulet au prix de 295 DA/kg. Or, cette politique, orchestrée par les ministères du Commerce et de l’Agriculture, peine à produire les résultats attendus dans plusieurs régions, notamment à Annaba.
Un dispositif perturbant pour les commerçants
Lors d’une conversation avec Le Provincial, un boucher de renom, propriétaire de trois boucheries situées dans des quartiers stratégiques de la ville d’Annaba – Jebanet Lihoud, Les Hongrois, et le 8 mars – a fait part de son inquiétude face à cette absence prolongée de poulet subventionné. « Ce dispositif s’est brusquement arrêté il y a environ un mois, sans aucune annonce officielle préalable, » nous confie-t-il. « Ces changements imprévus perturbent gravement nos affaires, car il devient difficile de savoir si une décision sera appliquée à long terme ou si elle sera abandonnée du jour au lendemain. »
Le boucher explique que cette incertitude complique la gestion de ses stocks et empêche les commerçants de planifier leurs approvisionnements de manière optimale. En l’absence de poulet subventionné, les clients se tournent vers le poulet ordinaire, dont les prix restent élevés, rendant ce produit de plus en plus inaccessible pour les familles à revenu modeste. Selon lui, la fluctuation de la disponibilité du poulet subventionné génère une instabilité commerciale dont les conséquences se répercutent sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement.
Une initiative qui peine à maintenir l’équilibre du marché
Pourtant, cette mesure visait à offrir aux consommateurs une source de protéines à un prix abordable, une initiative saluée au départ pour sa contribution au soutien du pouvoir d’achat. Dans son communiqué initial, le gouvernement avait précisé que l’Office national des aliments de bétail (ONAB) et la Société algérienne de régularisation des produits agricoles (SARPA) assureraient la distribution de ce produit subventionné dans les grandes surfaces et boucheries à travers tout le pays.
Mais aujourd’hui, la raréfaction du poulet à tarif réduit dans les points de vente à Annaba interroge sur les limites de cette initiative et sur les raisons de cette rupture non expliquée. Les citoyens, de plus en plus nombreux à exprimer leur frustration, regrettent le manque de communication des autorités locales, qui semblent impuissantes face à ce problème de distribution.
Vers un renforcement des contrôles et une transparence accrue
Dans un contexte économique où la demande de produits alimentaires abordables demeure élevée, les pouvoirs publics sont appelés à clarifier la situation et à envisager des solutions concrètes. Pour les commerçants et les consommateurs, la question est de savoir si le poulet subventionné pourra redevenir accessible de manière régulière.
Pour assurer la disponibilité continue de ce produit essentiel, les pouvoirs publics pourraient envisager une meilleure communication avec les acteurs commerciaux afin de maintenir un équilibre entre l’offre et la demande. Des actions de suivi régulières au sein des circuits de distribution et une transparence accrue quant aux ajustements logistiques contribueraient à renforcer la confiance des consommateurs tout en permettant aux commerçants de planifier sereinement leurs activités.
Par : Mahdi AMA