Le photographe Kamel Khalfallah est décédé ce 13 octobre 2024 à Jijel. Un mois, jour pour jour, après avoir soufflé sa 70ème bougie. Il a fait partie de cette éclosion artistique qui l’a lié d’amitié avec, notamment les Nacer Medjekane, Halim Zenati et Amirouche, des acteurs d’une période qualifiée par Ameziane Ferhani de «pionnière».
Quand feu Nacer Medjekane et d’autres photographes sont arrivés à Jijel en 1999 pour couvrir ce qui allait se conclure par la loi sur la Concorde civile, la première question qui m’a été posée : «Connaissez-vous Kamel Khalfallah?»
J’ai compris, alors, l’immense respect que lui a voué ses confrères et amis d’Alger. Né le 13 septembre 1954 à Jijel, il y a fait sa scolarité jusqu’à la terminale, avant de poursuivre à partir de 1975, des études à l’institut des Arts dramatiques de Bordj El Kiffan, dans la spécialité de l’audio-visuel. Sa passion pour la photographie a fait qu’il ne se séparait plus de son appareil qu’il considérait comme «le seul moyen de s’exprimer.»
Discret, un féru de lecture, de cinéma et surtout de photographie, «le matos» pour sonoriser une salle ne lui est pas aussi étranger, puisqu’il excellait aussi dans ce domaine. Sa première exposition de photographie remonte à 1979 où sous le titre de «Banalités», il a présenté ses œuvres à la salle El Mougar. S’ensuivent en 1980, dans la même salle la série «Ombres de midi» et, une année plus tard, des «Petites photos en prose» au Centre culturel français d’Alger.
Sur les colonnes d’El Moudjahid du 5 octobre 1981, Achour Cheurfi écrira à propos de cette exposition qu’elle «offre, devant nous, un autre aspect de nous- mêmes et des visages qu’on côtoie chaque jour, qu’on regarde peut-être, mais sans jamais les voir.» Son travail apprécié, lui a donné la chance de participer au XVIIème Salon d’art photographique d’auteurs à Reims (France).
A Jijel, il a présenté ses œuvres en 1992 à la Bibliothèque communale Salah Abdelbaki et, en 1993 à la Maison de jeunes Rachid Bounab. A l’occasion de la Journée nationale de l’artiste, le défunt a été honoré le 8 juin 2022 par l’Association «Jijel antique» où il a, pour l’occasion, accroché aux murs ses principales œuvres photographiques.
Il a vu en la photographie, «cette réalité que l’on fige pour l’éternité par un procédé physico-chimique.» L’impression de «prêcher dans le désert» le pousse à retourner à Jijel en 1990. Une décennie plus tard, à bord d’une embarcation de 7 mètres, il sillonnera la Corniche entre Ziama Mansouria (Jijel) et Les Falaises (Béjaïa) pour figer des images pour une série de cartes postales, très appréciées alors. Pour lui, l’exposition qui a le plus marqué les esprits, est celle sur «Les dormeurs». Repose en paix Kamel.
Par : Fodil S.