Lors de cette 7ᵉ édition du Festival Culturel National de la Production Théâtrale Féminine à Annaba, nous avons rencontré Ali Namous artiste et comédien pour échanger sur le théâtre féminin en Algérie, la transition vers le cinéma et la télévision, ainsi que les défis rencontrés par les jeunes artistes issus des différentes régions du pays.
La place des femmes dans le théâtre algérien
Interrogé sur l’évolution du théâtre féminin en Algérie, Ali Namous a souligné que la création artistique féminine a toujours existé dans le paysage culturel national. Il a dans ce sens, évoqué la comédienne défunte Kelthoum, une figure emblématique du théâtre algérien. Il a rappelé que dans le passé, le nombre de femmes actives dans le théâtre était restreint.
Cependant, note–t-il l’évolution est notable aujourd’hui, avec une présence féminine de plus en plus affirmée sur scène. Ali Namous considère cette évolution comme indispensable, affirmant que l’art ne peut être réservé à un seul genre. Il a également partagé son propre parcours, soulignant que ses débuts, à l’âge de 17 ans, dans une association théâtrale, ont été marqués par une femme à la présidence. De plus, il a précisé que son entrée dans le théâtre professionnel s’est faite au sein d’un théâtre dirigé par Sonia, et que sa première pièce théâtrale pour adultes a été mise en scène par une femme. Pour lui, ce festival symbolise parfaitement cette évolution vers une reconnaissance accrue du rôle des femmes dans le théâtre
Du théâtre au cinéma et à la télévision : une transition exigeante
Concernant la transition du théâtre vers le cinéma et la télévision, Ali Namous a insisté sur le fait qu’il s’agit de deux univers distincts nécessitant une préparation approfondie. Il reconnaît que le jeu d’acteur reste le point commun fondamental, mais que des ajustements techniques et artistiques sont nécessaires pour s’adapter aux exigences spécifiques de chaque médium.
La centralisation d’Alger : un frein à la diversité culturelle ?
Dans une précédente interview, Ali Namous avait souligné l’importance de résider à Alger pour évoluer dans le domaine artistique, la capitale étant le centre décisionnel en matière de distribution de projets. Lors de notre échange, il a toutefois nuancé cette idée, affirmant que des initiatives comme le Festival de la Production Théâtrale Féminine à Annaba sont essentielles pour déconcentrer l’activité artistique et donner de la visibilité aux talents issus des autres régions.
Il a plaidé pour une généralisation de ces festivals dans les villes de l’Est et a souligné que cela ne suffirait pas à changer la donne. Il a ainsi insisté sur la nécessité d’ouvrir des annexes de l’Institut Supérieur des Métiers des Arts du Spectacle et de l’Audiovisuel dans plusieurs villes du pays pour que tous les talents puissent bénéficier d’une formation et d’une reconnaissance équitable.
Persévérance et adaptation
Fort de son expérience de huit ans dans le théâtre et avec plus de vingt pièces à son actif, Ali Namous a adressé un message aux jeunes comédiens et comédiennes souhaitant se lancer dans ce métier. Son principal conseil : persévérer et ne pas se laisser décourager par les obstacles.
Selon lui, les conditions actuelles offrent de nouvelles opportunités grâce aux réseaux sociaux, qui permettent aux artistes émergents de faire connaître leur talent sans nécessairement attendre une reconnaissance institutionnelle.
Par : Ikram Saker