Dans les ruelles d’Annaba, un parfum d’inquiétude a remplacé ces derniers jours l’arôme habituel du café. De nombreux points de vente, habituellement animés par l’effervescence matinale des amateurs de cette boisson emblématique, ont baissé leur rideau lundi dernier, face à une situation surprenante : une rupture de stock de «Boun», les grains de café, matière première essentielle à la torréfaction.
Un marché en tension
Pour certains, la pénurie a entraîné une véritable escalade des prix. Salah, propriétaire d’une cafétéria située en plein centre-ville, raconte avoir acheté lundi matin un lot de 10 kg de grains de café pour la somme exorbitante de 100.000,00 DA, soit près de 10.000,00 DA le kg, un montant bien au-dessus des tarifs habituels. “Je n’ai pas le choix. Si je n’achète pas, je dois fermer mon établissement comme beaucoup d’autres”, explique-t-il, visiblement amer.
Cet exemple illustre les difficultés rencontrées par les professionnels du secteur, contraints de s’adapter dans l’urgence face à des distributeurs eux-mêmes en rupture de stock. La flambée des prix n’a fait qu’exacerber les tensions, rendant la situation d’autant plus critique pour les consommateurs et les commerçants.
L’intervention des autorités
Face à cette crise, la direction du Commerce a réagi en ouvrant, dès hier, ses stocks stratégiques pour approvisionner le marché. Selon une source interne, cette mesure vise à soulager rapidement les perturbations et à rétablir un équilibre dans les chaînes de distribution. Les premiers lots de café ont ainsi été livrés aux grossistes et distributeurs locaux, amorçant une lente reprise d’activité.
Un retour progressif à la normale
Les autorités se veulent rassurantes : d’ici quelques jours, le marché devrait retrouver son dynamisme habituel. Toutefois, cet épisode a mis en lumière la fragilité des circuits d’approvisionnement et la dépendance à une matière première particulièrement prisée. Une réflexion semble désormais s’imposer pour éviter que de telles perturbations ne se reproduisent à l’avenir.
Dans une ville où le café est bien plus qu’une simple boisson, mais un véritable art de vivre, l’odeur des grains fraîchement torréfiés pourrait très vite redevenir le symbole d’une normalité retrouvée.
Par : Mahdi AMA