Par : M. Rahmani
Rien que dans la commune d’El Bouni, il a été recensé près de 12.000 constructions illicites dans différents bidonvilles de cette localité qui est aujourd’hui envahie de toutes parts par ce type de baraques en bois, aux toits en tôle ondulée ou des bâtisses en dur qui se dressent défiant les autorités.
Ce type de constructions pullulent et se multiplient au vu et au su de tous sans que personne ne s’en inquiète et cela continue. Une situation qui a pris une autre tournure puisque maintenant, ces constructions sans permis ni aucun document attestant leur existence sont vendus comme maisons à des prix plus ou moins abordables avoisinant les 40 et 60 millions de centimes.
Le bouche à oreille, le bon vieux téléphone arabe fonctionne à merveille et rend service aussi bien à l’acquéreur qu’au vendeur qui, tous deux, font des affaires, chacun y trouvant son compte. Mais apparemment, cela n’a pas suffi et maintenant on est passé à la vitesse supérieure puisqu’on a recours aux réseaux sociaux pour faire des annonces de vente, la préférence allant à Facebook, un des réseaux les plus utilisés. On y trouve la description du «bien », le nombre de pièces, la situation et les « commodités » existantes, on fixe le prix « négociable » et on communique son numéro de téléphone pour être contacté.
Certains contactent ces vendeurs pour acheter ces baraques ou ces constructions pour y habiter et en faire leurs demeures, d’autres négocient plusieurs de ces taudis pour les revendre à des prix plus élevés, particulièrement quand il y a recensement de la part des services de la commune en vue d’une prochaine attribution de logements sociaux.
Ce commerce tend à se développer et, selon toute vraisemblance, il tend à remplacer les constructions licites particulièrement au niveau des quartiers isolés ou les petites localités un peu à l’écart où les contrôles se font rares, voire inexistants.
Des contrôles qui, normalement, sont du ressort des commissions de l’urbanisme au niveau des communes et de la police de l’urbanisme et de la protection de l’environnement. Mais ces opérations ne se font plus ces derniers temps, ce qui a encouragé des dizaines, voire des centaines de citoyens à verser dans l’illégalité.
Il faut dire que la négligence et la passivité des élus, chargés de veiller au respect de la réglementation en vigueur en matière d’urbanisme, est pour beaucoup dans cette situation qui est devenue aujourd’hui un véritable casse-tête pour les autorités. En effet, ces élus qui, pourtant jouissent d’attributions et de pouvoirs qui leur permettent d’ordonner la démolition de ces constructions, sont frappés de cécité s’agissant de ces constructions, ne veulent pas intervenir préférant les ignorer pour ne pas « avoir de problèmes » avec ces individus qui n’ont aucun respect pour la réglementation et par là même pour l’Etat.
Au niveau des autres communes, Annaba, El Hadjar ou encore Sidi Amar, c’est la même situation et parfois c’est pire comme c’est le cas à Sid Amar où on construit sur les trottoirs de la rue principale, on s’alimente en eau du réseau AEP de l’ADE, on s’éclaire grâce au courant électrique pris là aussi sur le réseau public, on pratique une activité commerciale sans registre et on ne paye rien à l’Etat et le comble, c’est qu’on vient manifester et protester devant la wilaya pour demander « son »logement. Incroyable !