Par : Mustapha B.
La situation sanitaire liée à la flambée du nombre de cas de Covid-19 à Annaba est critique. Trois décès par Covid-19 sont enregistrés quotidiennement sur le territoire de la wilaya d’Annaba, a-t-on appris auprès du service de médecine légale. L’ensemble des services spécialisés dans la prise en charge des patients atteints du coronavirus est saturé. Le nombre de malade est en augmentation continue. Les laboratoires d’analyses médicales sont quotidiennement pris d’assaut par des centaines, voire des milliers de citoyens qui ont été en contact direct avec des personnes contaminées, afin de se faire dépister au moyen d’un test antigénique, PCR, scanner thoracique (TDM) ou sérologique. Le nombre de cas positifs est ahurissant, selon les différents labos interrogés, qui n’ont pu nous donner de chiffres exacts, ni même approximatifs. Les malades sont priés de se confiner chez eux et de suivre le protocole thérapeutique en cas de manifestations de symptômes. Seuls les cas graves et critiques sont admis dans les services Covid-19, et encore, tout dépend de la disponibilité des places.
Dans la journée d’hier, tous les services et hôpitaux dédiés à la prises en charge des malades Covid-19 à travers le territoire de la wilaya affichaient complets. Le service des maladies infectieuses, celui de médecine interne ainsi que le service de pneumologie, étaient, au même titre que l’EPH Chétaïbi et l’EPH Besbes, archi-saturés. L’Etablissement public hospitalier d’El Hadjar connaissait, quant à lui, des perturbations en alimentation en oxygène et ne pouvait de ce fait, se permettre d’admettre de nouveaux patients graves. Certains des malades admis au niveau de cette structure sanitaire avaient même été évacués vers d’autres services, nous a-t-on indiqué.
Pour hospitaliser un malade en situation de détresse respiratoire, les familles doivent passer par un véritable parcours du combattant. Nous avons suivi, pendant deux jours, le cas d’une famille qui tentait d’hospitaliser l’un des siens. Atteint de Covid-19 depuis quelques jours, Farid*, un sexagénaire, a vu son état de santé se dégrader rapidement. L’homme a déjà plusieurs maladies chroniques et des antécédents pulmonaires. Sa famille a réussi après de nombreux efforts de recherches à se procurer un concentrateur et une bouteille d’oxygène. Soigné à domicile, l’état du sexagénaire ne s’est pas amélioré et tous les voyants étaient au rouge. Hyperglycémie, détresse respiratoire, hypertension, bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), fièvre oscillant entre 38,5 et 39°C… Son cas nécessitait, selon tous les médecins interrogés, une hospitalisation en urgence. Malgré toute la bonne volonté du monde, aucun service ne pouvait le faire, à défaut de places.
Ballotée de service en service, la famille a frappé à toutes les portes ; connaissances ou pas, tout le monde est logé à la même enseigne. Aucune place n’est disponible. Une sorte de liste d’attente est même mise en place pour appeler et hospitaliser les cas les plus graves dès la libération d’une place. En fin d’après-midi, une place se libère au niveau de l’un des services, et Farid a enfin pu être hospitalisé. Mais plusieurs autres personnes sont dans la même situation et continuent de souffrir.
Malgré cela, des médecins en première ligne au niveau des services de lutte contre la Covid-19, nous ont assuré que la situation est stationnaire à Annaba. « Nous avons, pour le moment, évité la catastrophe. La situation est stationnaire et le nombre de cas, tout comme le nombre de décès est en deçà des prévisions faites, il y a quelques jours », nous a affirmé un médecin sous couvert d’anonymat*.
Un autre soignant qui travaille au niveau de l’EPH de Chétaïbi nous a assuré que la situation est intenable au niveau de cette petite structure sanitaire. « Nous avons 17 personnes hospitalisées au service et entre 4 et 6 autres aux urgences. Nous n’avons que 4 concentrateurs d’oxygène. Les malades affluent de toute part et nous ne sommes pas en mesures de les hospitaliser. Ils viennent principalement de Tacha, Berrahal, Oued Laneb, Tréat et El Marsa (wilaya de Skikda). L’EPSP de Berrahal doit contribuer et prendre en charge les malades covid, pour alléger un peu la pression et permettre l’hospitalisation d’autres malades en situation critique. », a-t-il affirmé avant de révéler que « 2 patients viennent tout juste de mourir. Hier c’était pareil, nous avons perdu 2 malades. Et je ne vous parle que de l’EPH de Chétaïbi ».
Les spécialistes nationaux et internationaux sont unanimes, les seules mesures efficaces pour éviter la propagation du virus et ses nouveaux variants sont la vaccination et le respect des mesures et gestes barrières. « Nous ne le répéterons jamais assez, vaccinez-vous et respectez la distanciation sociale et les mesures barrières ! », nous ont affirmé d’une même voix, tous les médecins interrogés pour les besoin de cet article.
Les hôpitaux sont saturés et ne peuvent prendre en charge qu’un nombre limité de patients. Alors, soyez prudents, évitez les rassemblements, portez vos masques et respectez la distanciation sociale et les mesures barrières pour éviter des complications. Il en va de la sécurité de tous, il en va de votre survie et de celles de vos proches.
*Le nom a été changé.
** Seuls, le wali et le DSP sont autorisés à communiquer sur la pandémie à Annaba.