Par : Bouchra Naamane
C’est une scène traumatisante qu’avaient vécu les résidentes de la cité universitaires de 3000 lits à El Bouni, consacrée aux étudiantes des filières médicales l’après-midi du mercredi 29 décembre 2021.
« Tout à l’heure, aux environs de 14h, des garçons ont réussi à accéder à la résidence. Mon amie a pu les filmer tandis que moi, je me suis rapidement dirigée vers les agents de sécurité présents, qui n’étaient que deux. Une fois que ces jeunes nous ont vus descendre et appeler à haute voix les gardiens, ils se sont enfuis et se sont cachés derrière la clôture de la cité. Ils étaient 7 jeunes accompagnés d’un enfant ». C’est en ces termes qu’une résidente avait décrit l’entrée par effraction de ces jeunes avant d’ajouter le détail ayant suscité une grande indignation parmi les résidentes « l’enfant a été agressé sexuellement par ces individus ». Quelques instants plus tard, la gendarmerie est intervenue pour auditionner les témoins. Selon l’étudiante ayant vu la scène, les gendarmes lui ont demandé de supprimer la vidéo qui démontre qu’il y a eu un abus sexuel sur un mineur. En effet, selon les témoins interrogées, les visages de certains agresseurs ainsi que celui de leur victime étaient visibles sur ladite vidéo.
Cet incident a été l’occasion, pour les résidentes de cette cité universitaire, de dénoncer le manque de mesures de sécurité au sein de l’établissement. Lors de nos communications téléphoniques avec les étudiantes, plusieurs d’entre elles ont confié que ce n’est pas la première fois que des individus réussissent à entrer au sein de la cité. « Une fois, des jeunes d’une vingtaine d’années ont réussi à atteindre les pavillons, c’était une nuit cauchemardesque » nous raconte Zahra, étudiante en pharmacie ayant été contrainte de changer de résidence par peur d’être victime d’agression. Il convient de préciser, dans le même contexte, que les étudiantes ont dû enchaîner à moult reprises les sit-in de protestations pour faire valoir leur droit à la sécurité. Elles décrivent les conditions de sécurité aussi bien à l’intérieur qu’à proximité de la cité U où pullulent toutes sortes de violences. Mais toutes ces tentatives sont restées, au grand malheur des résidentes, sans suite.
« L’incident a eu lieu en dehors de la cité »
Contactée par Le Provincial, la directrice de la cité universitaire s’est montrée rassurante. En effet, la responsable s’est contentée de dire que « l’incident a eu lieu en dehors de la cité universitaire, personne n’est entré à la cité, ça nous est jamais arrivé qu’un groupe d’individus pénètrent la résidence ». Pourtant, les étudiantes affirment avoir raconté ce qu’elles ont vu à la directrice de l’établissement. En effet, selon leurs dires, l’agression a eu lieu à l’intérieur de la cité à quelques mètres du mur de derrière. Questionnée sur le manque de sécurité au sein de la cité, tant dénoncé par les étudiantes, la responsable nous répond qu’effectivement, il y a un manque de gardiens. « J’ai demandé la présence d’un nombre suffisant de gardiens mais mes requêtes sont restées sans suite », affirme-t-elle.