Par : Bouchra Naamane
Les patients atteints de Covid-19 et leurs familles souffrent le martyre quotidiennement. La situation va de mal en pis pour tout le monde. Patients, familles, hôpitaux, médecins et infirmiers, tous sont au bord de l’épuisement et de l’asphyxie.
En effet, les familles des patients souhaitant se procurer de l’oxygène au niveau du complexe industriel Attia, situé à Bergouga, dans la commune de Sidi Amar, ont été notifié, depuis mercredi 11 août, que « le wali d’Annaba avait ordonné la limitation de l’approvisionnement en oxygène aux hôpitaux, ce qui fait que ces citoyens ont été privés de cette matière pour leurs proches contaminés à la Covid-19.
Dans une vidéo diffusée sur la toile, montrant l’ampleur de la détresse dont souffre la population, des dizaines de citoyens font savoir qu’ils sont devant l’usine de production de l’oxygène du matin au soir et, « nous avons été informés que le wali avait instruit les responsables de l’unité de l’interdiction de la vente de l’oxygène aux citoyens et la limitation de l’approvisionnement aux hôpitaux. Le problème, c’est que quand nous nous somme dirigés vers les hôpitaux, on nous dit qu’il n’y a ni de places, ni d’oxygène, ils envoient nos parents mourir à la maison » déplore un citoyen avant d’ajouter que toutes les personnes présentes dans la vidéo disposent d’un dossier médical prouvant un besoin urgent d’oxygène.
Au moment où chaque seconde passée sans oxygène peut mettre un patient face à la mort, les hôpitaux de la wilaya ont affronté, et affrontent jusqu’au moment où nous mettons sous presse, une rupture inédite d’oxygène. Nos sources au sein de l’hôpital Dorban nous ont fait savoir que 4 patients ont rendu l’âme au niveau des services de pneumologie et des maladies infectieuses le jeudi 12 août suite à la coupure d’oxygène enregistrée dans l’hôpital de 16h jusqu’à 2h du matin. « J’ai été contrainte de voir les patients suffoquer et mourir sans être capable de leur sauver la vie, ils meurent comme ça, bêtement ! » témoigne une soignante au sein de l’hôpital Dorban.
Nous avons tenté de prendre langue avec le directeur du CHU, M. Mohamed Nacer, mais ce dernier a déclaré que le DSP d’Annaba est le seul responsable du secteur médical ayant le droit de se prononcer, quant au sujet de la crise sanitaire. Mais, au grand malheur de l’opinion publique, des malades et leurs familles, le DSP n’avait pas de temps pour faire des déclarations alors qu’il est le seul habilité à le faire.
Les explications « énigmatiques » de la wilaya
Répondant aux propos rapportés dans la vidéo largement diffusée, la wilaya d’Annaba a publié, dans la soirée d’hier, un communiqué de presse aussi ambigu que « décevant ». « Suite à la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, dans laquelle les citoyens se plaignent de la pénurie d’oxygène tout en déclarant que le wali a ordonné l’interdiction de la distribution de cette matière aux privés, le wali informe que la wilaya d’Annaba reçoit de la part du complexe en question un lot très faible estimé à 1.000 jusqu’à 2.000 litres d’oxygène d’une manière irrégulière pour approvisionner les établissements hospitalo-universitaires Ibn Rochd, Ibn Sina, Dorban, et saint Thérèse ainsi que les hôpitaux d’El Bouni, El Hadjar, Chétaïbi, et Ain Berda » indique le communiqué tout en ajoutant « nous affirmons que monsieur le wali n’a donné aucun ordre à cette unité autorisant la vente de cette matière aux privés tout en sachant que, lors de ses visites d’inspection au niveau de cette unité, le wali a constaté la présence des véhicules utilitaires et des fourgons portant des immatriculations de diverses wilayas » .
Le communiqué conclut pour rappeler que les patients hospitalisés sont pris en charge en matière d’assurance d’oxygène produit par Sider qui approvisionne la wilaya d’Annaba et El-Tarf, tout en précisant que le taux de contribution de l’unité Laminoir Attia est estimé de 10% à 15%. Ce communiqué laisse planer une litanie de questions quant à la gestion de cette crise à Annaba et à la stratégie de communication adoptée par la wilaya. Ce communiqué apporte-t-il réellement des réponses aux propos des citoyens ? S’agit-il d’un aveu de non-assistance à personne en danger ? Y a-t-il une solution permettant de sauver les vies des patients non-hospitalisés souffrant de détresse respiratoire ? Comment peut-on avouer la pénurie d’oxygène et les couacs de la distribution de cette matière aux hôpitaux d’une part, et affirmer que les patients hospitalisés sont bien pris en charge en matière d’oxygène d’autre part ?