L’Algérie a réagi, hier, par la voix du ministère des Affaires étrangères, aux déclarations faites la veille en soirée par le chef de la diplomatie française qui avait annoncé l’entrée en vigueur de “sanctions” portant sur des mesures de restrictions d’accès au territoire français pour des responsables algériens.
Une déclaration venue un jour après celle faite par son collègue au gouvernement, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau qui avait appelé à engager “un bras de fer”, avec l’Algérie.
“Le Ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères a fait état de mesures de restriction de circulation et d’accès au territoire français prises à l’encontre de ressortissants algériens titulaires de documents de voyage spéciaux les exemptant de formalités de visas”, a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines.
A cet effet, “le Gouvernement algérien exprime sa surprise et son étonnement quant à cette annonce dont il n’a été aucunement informé comme le commandent les dispositions de l’article 8 de l’accord algéro-français en matière d’exemption réciproque de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques ou de service”.
L’Algérie pas informée des mesures prises
Le Ministère précise, dans ce sens, que “les autorités algériennes n’ont aucune connaissance de pareilles mesures restrictives à l’exception de deux cas précis intervenus sur la période récente”.
“Le premier cas, sur demande d’explications algérienne, a fait l’objet d’expressions de regrets de la part des autorités françaises et a été qualifié d’incident malheureux dû à une rupture dans la chaîne de commandement. Le deuxième cas intervenu très récemment fait l’objet actuellement d’une même demande d’explications adressée aux autorités françaises”, a expliqué la même source.
En somme, pour le ministère des Affaires étrangères, “l’annonce de ces mesures dont l’Etat algérien n’a pas été informé s’inscrit dans la longue liste des provocations, des intimidations et des menaces dirigées contre l’Algérie”. “Celles-ci sont de nul effet sur notre pays qui n’y cédera pas. Toute mesure attentatoire à ses intérêts fera l’objet de mesures réciproques, strictes et immédiates”, a encore indiqué le même communiqué.
Soulignant que “l’Algérie est manifestement devenue l’enjeu de querelles politiques intra françaises où tous les coups bas politiciens sont permis dans le cadre d’une compétition, dont l’extrême droite est l’instigateur, le référent et le donneur d’ordres”, l’Algérie affirme que “cette dynamique qui entraîne dans son sillage, non seulement des forces politiques françaises, mais également des membres du gouvernement français, peut avoir des conséquences incalculables sur la relation algéro- française dans toutes ses dimensions”.
La diplomatie française en panne ?
Il est à signaler que ces mesures de restrictions ont été annoncées, dans la soirée du mardi, sur la chaîne de télévision “BFM”, par le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
“Nous avons pris des mesures de restrictions de circulations et d’accès au territoire national pour certains dignitaires algériens”, a-t-il déclaré, avant de préciser que “ce sont des mesures réversibles et qui s’éteindront dès lors que la coopération à laquelle nous appelons reprendra”.
Néanmoins, il a ajouté qu’il était “prêt à en prendre davantage si cette coopération n’est pas reprise”.
Entre autres points de discordes entre les deux parties, et qui ont motivé la prise de ces mesures, Barrot a cité “la libération de Boualem Sansal”, “l’expulsion des algériens qui sont en France en situation irrégulière” et “la préservation de la coopération en matière de renseignement et de lutte contre le terrorisme”.
Le ministre français des Affaires étrangères s’est dit, en dernier lieu, “prêt à se rendre en Algérie si ça permettait de débloquer un certain nombre de situations”.
Par : Elyas Abdelbaki