Par : R. C.
Equipés de pelleteuses et de bulldozers et, accompagnés des éléments de la deuxième Sûreté urbaine d’Annaba, les services techniques de l’APC du chef-lieu de wilaya sont intervenus jeudi matin pour procéder, sous la supervision du nouveau maire, à la démolition des « Tours du port », une promotion immobilière, sise sur la route de l’avant-port, et appartenant au propriétaire de l’usine agroalimentaire Liana, M. Mohamed Tahar Khalifa.
Depuis des années, les autorités locales avec, à leur tête les différents walis qui se sont succédés, ne cessent de menacer de prendre des mesures fermes à l’encontre de ce qui est communément appelé dans le langage populaire : « la mafia du foncier ». Mais la main ferme de l’Etat tardait à tomber, maintenant ainsi un statu quo qui faisait d’Annaba la capitale nationale du trafic du foncier. Un filon très lucratif, boosté par une crise du logement permanente, une demande sans cesse croissante et la vente sur plan financée grâce à des crédits bancaires à taux bonifié.

Avec une moyenne de 132.781 DA/M², Annaba est la ville la plus chère après la capitale et Oran. La cherté des prix pratiqués, conjuguée à une demande toujours en hausse n’a fait qu’encourager les promoteurs à acquérir plus d’assiettes foncières pour bâtir davantage de tours, souvent sans le moindre respect des règles urbanistiques les plus basiques.
Depuis son arrivée à Annaba, le wali, Djamel Eddine Berrimi, a enchainé les discours virulents à l’encontre de la mafia du foncier, s’engageant devant l’opinion publique locale et nationale à mettre un terme à l’« anarchitecture » qui règne à Annaba et aux « villas-tours » qui poussent comme des champignons et défigurent celle qui fut autrefois la « Coquette ».

Mais, en dehors de l’effet d’annonce du chef de l’exécutif local, qu’on dit proche de la retraite, ces promesses sont restées lettre morte. En 2 ans, aucune action palpable n’a été menée pour concrétiser les promesses du premier « responsable » de la wilaya.
Il aura fallu attendre le renouvellement de l’APC d’Annaba et de son conseil communal pour que les premières actions concrètes soient menées. C’est ainsi que le nouveau maire d’Annaba s’est rendu, jeudi matin, avec les forces de l’ordre, sur la route de l’avant-port, pour superviser lui-même l’opération de démolition, avec arrêt immédiat des travaux, au niveau du chantier de réalisation de la promotion immobilière « les tours du port ». Le chantier commençait à émerger, et la bâtisse était, avant sa démolition partielle, à R+2.
L’APC d’Annaba explique que le permis de construire du promoteur avait expiré sans que les travaux n’aboutissent, ce qui les obligeait à mettre un terme au projet.
Contactée jeudi, la promotion immobilière nous a indiqué que seul l’avocat de la société pouvait communiquer sur le dossier et qu’il allait contacter notre rédaction « dans quelques instants ». Mais plus de 24 heures après, aucune réponse de la part dudit avocat.
Les interventions du maire, Youcef Chouchane et de la police de l’urbanisme se sont poursuivies hier vendredi au niveau du cinquième secteur urbain d’Annaba, pour stopper tous les travaux illicites des entreprises de constructions, qui sont appelées à se conformer aux lois de la République. Le nouveau maire d’Annaba réussira-t-il là où beaucoup d’autres ont échoué avant lui ? Les Annabis ne peuvent que l’espérer en attendant la suite.