Par : Amar Ait Bara
Le projet de la réalisation d’un million de logements, initié depuis 20 ans par l’Etat est pratiquement achevé et touche à sa fin, et les pouvoirs publics n’ont semble-t-il pas décidé de reconduire la réalisation de nouveaux logements dans cette formule. Ce qui veut dire qu’ils n’octroient plus de logements gratuitement, du moins, plus dans le cadre du logement public locatif (dit social). Cependant, les pouvoirs publics procéderont autrement et, dorénavant les logements seront uniquement loués aux personnes désirant habiter, avec la constitution d’un dossier, en se repositionnant et en se référant à l’ancien système des HLM « Habitations à loyers modérés ». C’est la raison qui a incité les familles inscrites dans les prochaines listes à observer un sit-in chaque lundi au niveau du siège de la wilaya et, en particulier celles du bidonville d’Abou Merouane. Certains prétendants simulent qu’ils résident réellement dans ces taudis lors des contrôles, alors que d’autres ne les ont jamais quittés, en les meublant de téléviseurs plasma, réfrigérateurs et autres équipements électroménagers nécessaires avec l’argent de la vente de leurs logements auxquels ils n’ouvraient pas droit. Les années passées, certains bénéficiaires de logements sociaux ont mis Annaba à feu et à sang durant pratiquement une année, en tentant de vandaliser même le siège de la municipalité à cause des enquêtes défavorables pour certains prétendants qui ont déjà bénéficié des logements ou qui ont hérité des biens familiaux. Ces derniers ont fait le siège devant la wilaya, les plus virulents d’entre les demandeurs semblent avoir réalisé le plus important, c’est-à-dire acquérir un logement. Aussi, si l’on considère le nouveau phénomène que l’on peut constater à Draa Errich ou Kalitoussa, les logements sociaux octroyés sont cédés pour une bouchée de pain et dans des conditions opaques avec un simple désistement chez le notaire. Certains demandeurs de logements sociaux avaient invoqué l’état des taudis, alors que d’autres ont installé des tentes sur la chaussée pour obtenir un logement qu’ils ont aujourd’hui vendu. D’autres ayant obtenu des logements dans lesquels ils vivent, vendent leurs taudis aux futurs demandeurs de logements. Aussi, certains squatteurs de terrains qui ont érigé des constructions illicites ont vu leurs demeures démolies, comme ceux de la cité Seybouse, ex-Joanonville, mais continuent à vivre dans ces lieux détruits, puisqu’ils ont élus domicile après la période de recensement de 2007. A l’époque, le laxisme des pouvoirs publics à Annaba a fait d’elle une destination nationale privilégiée pour les demandeurs de logements et de locaux commerciaux. Aujourd’hui, les bavures ne sont plus permises, le fichier de la caisse nationale du logement, CNL, est mis à jour et tous les bénéficiaires sont enregistrés, avec aucune possibilité d’une double attribution, comme c’était le cas avant. Certaines personnes qui attendent des logements, dont leurs demandes datent de plus de 20 ans, espèrent que le prochain conseil municipal qui sortira des urnes le 21 novembre prochain défendra leurs droits en barrant la route aux spéculateurs et aux opportunistes. Ou alors, les pouvoirs publics persisteront-ils dans leur tolérance vis-à-vis du non-droit au détriment des véritables demandeurs en besoin d’un logement décent ?