Par : A.Ighil
À la suite du communiqué, rendu public jeudi par le syndicat de l’entreprise Sider, nous avons joint le secrétaire général, Azzedine Messaoud, pour la situation qui prévaut au sein du complexe qu’il a d’emblée qualifiée de catastrophique et il nous dira d’un ton amer : « Aujourd’hui, les salaires des 6.000 travailleurs sont réellement menacés et leurs conditions de travail laissent à désirer ». Il ajoutera en outre « Il est grand temps de procéder à la révision de la convention collective qui date de 2004 ». Il abordera ensuite les conditions de travail lamentables d’une grande partie des sidérurgistes qui sont sous-payés et, au fil des ans, leur pouvoir d’achat s’effrite. « La revalorisation des salaires est une urgence pour les travailleurs des unités de production, l’État doit prendre ses responsabilités », nous dira Azzedine Messaoud. Devant la gravité de la situation, le syndicat du complexe Sider El Hadjar est ainsi monté au créneau en interpellant les hautes autorités de l’Etat afin de libérer les 46,5 milliards de dinars qui représentent les fonds de la 2ème tranche du plan d’investissement. Une enveloppe financière qui a été mobilisée, en 2018, pour la concrétisation d’une centaine de projets. Cette seconde tranche de l’investissement visait à assurer la pérennité et la stabilité de la production et qui devait, en 2021, atteindre plus d’un million de tonnes de produits ferreux, selon les prévisions de 2018. Depuis, les 46,5 milliards de dinars sont restés bloqués malgré l’aval du Premier ministre de l’époque, Abdelaziz Djerrad, et son ministre de l’Industrie Ferhat Ait Ali. Depuis plusieurs mois, le complexe Sider El Hadjar fait face à une crise financière agonisante. Ses faibles moyens financiers ne permettaient pas d’approvisionner sa principale installation, le haut fourneau n°2, en coke importé en devise forte et qui connaît une flambée sur le marché mondial. Il est cédé à 700 dollars la tonne, sachant qu’une cargaison de 50.000 tonnes de coke qui couvre à peine quarante jours d’autonomie vaut plus de deux milliards et demi de dinars. Mais aussi, il faudrait garantir les salaires des 6.200 travailleurs qui équivaut à 660 millions de dinars mensuellement, soit annuellement, huit milliards de dinars. La faillite de cet ex-fleuron de l’industrie était déjà annoncée par les précédents dirigeants de l’usine. Ni les différentes mesures d’austérité, ni le premier plan de sauvetage, ni encore moins les différentes visites ministérielles n’ont réussi à sauver un complexe sidérurgique qui faisait vivre toute une région.