Par : Fares Ouiem
Nos précieux yeux nous aident à apprécier tout ce qui nous entoure. Malheureusement, notre vision peut être compromise par le glaucome, également connu sous le nom de “voleur silencieux de la vision”, ce qui est une source d’inquiétude.
Le glaucome est l’une des maladies les plus incomprises et les plus vagues. Elle est souvent diagnostiquée à un stade déjà très évolué et parfois complètement mal diagnostiquée.
Qu’est-ce qu’un glaucome ?
Le glaucome est défini comme une pathologie oculaire due à la dégénérescence du nerf optique et/ou de la rétine. La principale cause de glaucome est une mauvaise évacuation de l’humeur aqueuse, un liquide situé entre le cristallin et la cornée qui se renouvelle constamment. Il peut aussi être la conséquence d’une mauvaise circulation sanguine. L’accumulation de liquide provoque une augmentation de la pression intraoculaire (PIO), Cette pression trop élevée comprime certaines parties de l’œil comme la rétine ou le nerf optique, conduisant à une perte de la vision partant de la périphérie vers le centre, causant au début ce qu’on appelle une vision en tunnel. Toute perte du champ visuel est irréversible, ce qui rend le glaucome la deuxième cause de cécité dans le monde après la cataracte mais il est possible de ralentir, voire d’arrêter, la progression d’un glaucome. C’est pourquoi un diagnostic précoce permet de préserver un maximum de champ visuel.
Quels sont les différents types de glaucomes ?
On distingue plusieurs types de glaucomes : le glaucome à angle ouvert, également appelé glaucome chronique, est la forme la plus fréquente de la maladie. En effet, cette forme compte pour 80% à 90% des cas, elle est asymptomatique, lente et indolore. L’altération de la vision s’effectue sans gêne perceptible au début, c’est pourquoi le glaucome à angle ouvert est diagnostiqué tardivement. Quant au glaucome à angle fermé, il est la forme la plus rare de la maladie, elle est subie soudainement et se manifeste par une douleur intense et localisée, ainsi qu’une sensation d’explosion des yeux et une diminution soudaine de la vision qui amènent souvent le patient aux urgences.
Il est possible pour les nourrissons et les enfants d’avoir un glaucome congénital, qui est une affection rare résultant d’un développement anormal de la structure de drainage aqueux. Le plus souvent, cette forme est bilatérale et peut survenir à la naissance ou prendre quelques mois pour se manifester.
Suis-je concerné ?
Tout le monde risque de développer un glaucome, mais certains facteurs favorisent ce risque dont le plus courant et le plus connu étant l’augmentation de la pression intraoculaire, ainsi qu’un âge supérieur à 40ans. De plus, les patients ethniques, d’origine caribéenne, noire africaine ou hispanique courent un risque beaucoup plus élevé d’être affectés. L’hérédité joue également un rôle important, les personnes ayant des antécédents familiaux de glaucome sont 5 fois plus susceptibles de le développer. En outre, une myopie sévère, l’hypertension artérielle, le diabète, l’apnée du sommeil et l’utilisation à long terme de corticostéroïdes sont des facteurs de risque.
Quels traitements ?
Il est impossible de guérir le glaucome, mais les lésions du nerf optique peuvent être prévenues grâce à un traitement à long terme débuté précocement et bien suivi et contrôlé. Si la pression intraoculaire est modérée, un traitement pharmacologique peut la normaliser et protéger les cellules nerveuses dans la grande majorité des cas. Plusieurs classes de médicaments peuvent être utilisées et éventuellement associées entre elles dont les prostaglandines et les bêtabloquants. Ces médicaments sont généralement administrés sous forme de collyre et doivent être pris à vie. En cas d’échec thérapeutique, de mauvaise tolérance ou de pression intraoculaire très élevée, le laser ou la chirurgie sont des alternatives efficaces qui bloquent la progression du glaucome mais ne permettent pas de récupérer la perte de vision. À ce jour, aucun traitement ne peut restaurer la vision lorsque le nerf optique est affecté.
Prenez soin de vos yeux !
Pour prévenir la maladie, il est crucial d’avoir des contrôles réguliers chez l’ophtalmologiste, donc une détection précoce est fortement recommandée. Une fois le diagnostic est établi il est important que le patient participe au processus de son traitement, en faisant des recherches et en lisant sur la maladie pour mieux la comprendre, ainsi que les indications du médecin traitant.
Bien que Cette maladie est initialement asymptomatique, elle n’est certainement pas à négliger le patient ne se rend pas compte qu’il est atteint car sa vision se détériore lentement, cela rend la situation difficile à comprendre et à prévoir. Mais la prise de conscience et l’adaptation d’une bonne hygiène de vie aident énormément, à commencer par l’utilisation régulière du collyre, en plus d’une alimentation équilibrée riche en vitamines et en antioxydants, tout en évitant la consommation de caféine, de tabac et de sucre (car ce sont causes d’aggravation du glaucome), et l’exercice physique s’est également révélé extrêmement bénéfique.
Il est important de mentionner que le stress et les niveaux élevés de cortisol ont des effets négatifs sur les yeux et augmentent la pression intraoculaire, donc le patient doit prendre soin de sa santé mentale.
La recherche sur le glaucome évolue constamment dans l’espoir de mieux le comprendre et de trouver de nouveaux moyens plus efficaces de le traiter voire de le guérir définitivement. Pour l’instant, mieux dépister pour lutter contre une cause majeure de cécité !
Membre du Club Averroès Faculté de médecine Annaba*