Par : Adam S
Sortie éprouvée par les aléas d’une décennie de lutte anti-terroriste, notamment dans les zones rurales qui ont perdu l’essentiel de leurs infrastructures de base, Jijel devait entamer une relance de son développement local. Le retour à la paix et à la sécurité dès le début des années 2000 a permis d’inscrire et de lancer de nombreux projets, dont certains ont un impact stratégique sur ce segment du développement. Tour à tour, il y a eu le lancement d’opérations de modernisation des routes, tel le dédoublement de la RN 43 sur 77 km entre El Aouana et El Milia, et la réalisation d’autres ouvrages, à l’image d’un tunnel à Dar El Oued et des échangeurs sur cette même voie. Ensuite, c’est un port de pêche et de plaisance qui a été réalisé à El Aouana, pendant qu’un projet d’extension a été lancé au port de Djen Djen. Dans le secteur hydraulique, Jijel a bénéficié de la réalisation de nombreux barrages, conduisant à la concrétisation d’importants projets d’alimentation en eau potable (AEP).
Des infrastructures universitaires, scolaires et sportives et un ambitieux programme de logements ont également vu le jour dans le sillage de ce dynamisme du développement. L’aéroport Ferhat Abbas n’a pas été en reste dans ces initiatives, bénéficiant d’une opération d’extension et de modernisation. Dans la zone de Bellara, à El Milia, des projets stratégiques ont vu le jour, à l’instar d’une centrale électrique et d’un complexe sidérurgique. Si les projets lancés ne se limitent pas à ces réalisations, compte-tenu des opérations gelées, notamment dans le secteur de la santé, resté le parent pauvre du développement, force est d’admettre qu’il y a eu d’autres réalisations qui ont mal tourné. Lancées quasi simultanément, ces opérations touchent à différents secteurs et concernent surtout des équipements publics et de grands projets structurants. On recense dans ce registre le lancement d’un projet d’hôpital de 60 lits à Ziama Mansouriah, d’un nouveau pôle universitaire à El Aouana, d’un nouveau siège de la wilaya, en plus d’une pénétrante à l’autoroute Est-Ouest et d’un terminal à conteneur au port de Djen Djen.
Ces derniers projets ne sont autres qu’un cinglant échec enregistré dans leur gestion. Près d’une décennie après leur lancement, aucun d’entre eux n’a encore été livré. Les plus importants sont sans contexte la pénétrante à l’autoroute Est-Ouest et le terminal à conteneurs, qui ont fait l’objet, la semaine passée, d’une visite ministérielle. Si des instructions ont été données à la faveur de cette visite pour accélérer le rythme de leur réalisation, le retard qu’ils accusent a privé la wilaya de Jijel d’une véritable opportunité pour amorcer définitivement son développement. L’impact de ce retard est tel que c’est le virage du développement qui a été mal négocié. A ces projets s’ajoute encore une modeste infrastructure hospitalière qui ne dépasse pas la capacité de 60 lits, dont la livraison est encore loin d’être acquise dans les meilleurs délais. Si on ajoute à ces infrastructures, le troisième pôle universitaire d’El Aouana, qui accuse le même retard, et le nouveau siège de la wilaya, qui se trouve sous le coup d’une mesure du gel, en plus du port de pêche et de plaisance, dont l’exploitation est encore loin d’être effective,14 ans après son lancement, le développement à Jijel reste un vœu pieux. Privé de ces grandes réalisations, il tarde à être amorcé dans les meilleures conditions. Si des soucis d’ordre financier ont souvent été évoqués dans le retard enregistré, des obstacles liés à la gestion administrative de ces projets ont également été soulevés.
Dans son périple qu’il a entamé dans les différentes communes depuis son installation à la tête de la wilaya de Jijel, il y a près de trois mois, le wali, Ahmed Meguellati, tente de remédier aux obstacles soulevés en s’impliquant directement à leur élimination. Pour ce faire, il ne cesse de presser les responsables concernés à se réunir et se concerter à l’effet de les éliminer. Pour les mettre devant leur responsabilité, il promet de revenir pour s’enquérir de l’état d’avancement des travaux, comme c’est le cas pour l’hôpital de Ziama Mansouriah. Dans ses déplacements dans les zones rurales classées zones d’ombre, le chef de l’Exécutif fait face à d’immenses carences en matière de développement. Face à lui, des citoyens en détresse se mettent à revendiquer des salles de soins et une couverture médicale, tout en réclamant des projets de désenclavement et d’AEP. Si le gaz a sauvé la face en parvenant à couvrir par les projets lancés les zones les plus reculées, l’AEP reste un souci signalé avec insistance dans certaines localités. Autant dire que le développement reste un dossier à ficeler et à concrétiser par le lancement de nouveaux projets dans quasiment tous les domaines. La concrétisation des opérations lancées, dont certaines font face à des retards injustifiés, est un préalable à ce développement.
Car la mauvaise gestion des projets inscrits, notamment durant la dernière décennie, a hypothéqué la relance de ce développement tant attendu. À l’ère de l’Algérie nouvelle, comme le clament les hautes autorités du pays, la relance de ce développement ne peut être qu’effective. Eu égard à ce qui a été enregistré comme difficultés dans la gestion des projets, c’est à un quitte ou double auquel le développement local s’affronte à Jijel.