Par : M. Rahmani
La pression exercée par les parents des harragas disparus en mer, pourrait bien porter ses fruits, si l’on se réfère aux affirmations de l’avocates des familles en question. En effet, celle-ci affirme avoir été reçue par le consul de Tunisie à Annaba. Ce dernier lui aurait promis de transmettre les doléances des familles des Harragas aux plus hautes autorités tunisiennes afin qu’une enquête soit ouverte.
Les parents des harraga disparus en mer sont revenus à la charge en organisant, hier vers 10 heures et demi, un sit-in devant le consulat de Tunisie à Annaba. Ils étaient des dizaines de citoyens, hommes et femmes, banderoles, pancartes et autres écriteaux en main, réclamant la libération de leurs enfants qui seraient incarcérés dans les prisons tunisiennes, à El Kef et Mornaguia.
Un important cordon de sécurité a été déployé autour de la représentation diplomatique et les manifestants ont été tenus à distance pour éviter tout débordement ou incident. Des photos de leurs enfants disparus sont exhibées et agitées devant les passants tout en criant leur désespoir à qui veut les entendre, exprimant ainsi leur détresse face à cette situation qui dure pour certains depuis des années.
Le cas du fils de Mme Chemmami est édifiant et renseigne sur cette affaire des harraga incarcérés en Tunisie depuis plus de 7 ans pour certains d’entre eux. « A chaque fois que nous venons protester et exiger le retour de nos fils ou qu’ils soient remis aux autorités algériennes même s’ils doivent être arrêtés et incarcérés, mais cette fois ce sera ici en Algérie, l’essentiel est que mon fils soit ici. » nous dit cette vieille femme en pleurs.
Une autre en larmes qui nous a conté son malheur et sa détresse face à cette situation « Il est parti avec un groupe d’amis du quartier la veille de l’Aïd el Adha en 2014, malgré l’opposition de son père qui avait tenté de le raisonner en lui expliquant que de l’autre côté chez « Ensara », il n’y a pas d’avenir et que son avenir est ici parmi les siens. Il a quitté le domicile familial au petit matin et depuis, on est sans nouvelles. Nous ne savons pas s’il a pu traverser et débarquer de l’autre côté ou s’il a été arrêté par les Garde-côtes étrangers. Je ne peux imaginer que leur embarcation ait coulé en mer et que ses occupants se soient noyés. Une lueur d’espoir est apparue cependant, car on nous a dit qu’il se trouve dans une prison tunisienne. C’est la énième fois que je viens protester devant le Consulat tunisien et, à chaque fois, nous avons la même réponse, on nous dit de donner tous les renseignements sur nos enfants avec des photos et que le chargé de ce dossier va contacter les autorités tunisiennes pour vérifier si nos enfants sont bien incarcérés dans des prisons tunisiennes et puis, plus rien. On se fiche de nous et les autorités algériennes ne font rien pour régler ce problème, je suis effondrée. C’est mon fils unique, alors s’il vous plaît, alertez l’opinion publique et les autorités par vos écrits, peut-être que les services concernés entreprendront des recherches et nous donneront des réponses à moi et aux autres parents qui sont dans la même situation. »
Une autre dame nous dit qu’elle s’est déplacée en Tunisie pour s’assurer que son fils est bien vivant et détenu dans ce pays. Elle nous a exhibé des documents attestant qu’elle avait contacté des avocats pour la représenter à l’instar d’Abdelfattah Mouro ou encore Sihem Bensedrine. Elle nous montra un autre document dans lequel est porté le numéro d’écrou sous lequel a été incarcéré son fils à la prison de Mornaguia en 2014, le numéro de l’affaire au niveau du tribunal de première instance de Tunis et le numéro de transfert du dossier au tribunal du Kef.
Pour avoir de plus amples informations sur cette affaire, nous nous sommes rapprochés du Consulat de Tunisie à Annaba où nous avons attendu pendant près d’une demi-heure espérant être reçu par le chargé de ce dossier qui empoisonne la vie de dizaines de familles, mais il nous a opposé une fin de non-recevoir, arguant qu’il nous faut une « autorisation de l’Etat algérien » pour pouvoir être reçu. Rien que ça !
L’avocate des familles des harragas disparus a affirmé qu’elle a été reçue, en compagnie de deux autres représentants des familles par le consul de Tunisie. Ce dernier, aurait promis de transmettre les doléances des familles des harragas à la présidence de la République tunisienne afin qu’une enquête soit ouverte, affirme la juriste.