Par : M. Rahmani
La décrue enregistrée ces derniers jours, confirmant ainsi le bien-fondé de la décision de confinement prise par les autorités sanitaires, aurait pu être encore plus importante si l’on avait fait appliquer rigoureusement les mesures additionnelles décidées par les walis dans certaines régions du pays.
En effet, l’interdiction d’accès aux plages, comme c’est le cas à Annaba, avait fait suite à celle du confinement à domicile et ce, après avoir constaté un afflux important d’estivants arrivés des différentes wilayas et qui pourraient donner lieu à une augmentation des contaminations au niveau des populations qui venaient profiter des plaisirs de la mer.
Au départ, cette interdiction avait été appliquée à la lettre ; la rigueur était de mise et il n’était pas question de tolérer quiconque sur les plages. La police était sur le qui-vive et cet espace estival très fréquenté auparavant était désert. Sur toute la longueur des plages, il n’y avait pas âme qui vive, à Rizzi Amor (Ex-Chapuis), Fellah Rachid (Ex-Saint Cloud), Reffès Zehouane (Ex-Toche) ou encore Ain Achir, rien ni personne n’osait transgresser l’arrêté d’interdiction pris par le wali, les services de sécurité veillant à sa stricte application.
Mais, passés les premiers jours, c’est le relâchement et la négligence qui ont pris le dessus et cela avait donné lieu à une véritable invasion au niveau d’autres plages. En effet, certaines plages non fréquentées et boudées auparavant par les estivants avaient été réinvesties. On s’y installe le plus normalement au monde, on plante son parasol, on met sa table et ses chaises et même son transat, on se dore au soleil pour ensuite aller piquer un plongeon dans l’eau fraîche sans se soucier d’une possible propagation du virus du fait de la promiscuité, car ces plages se remplissent très vite et les espaces se rétrécissent, ce qui favorise les contacts et par là même les contaminations.
A la plage du côté de Shems El Hamra, au lieudit « Maison cassée », en amont ce sont des dizaines de voitures qui sont garées sur les bas-côtés de la route, créant ainsi un encombrement et une circulation sans pareils ; en contrebas, c’est un chemin escarpé, bordé de rochers que l’on emprunte pour descendre et qui, il faut le dire, n’est pas sans danger car on risque de faire une chute et se blesser gravement. Mais cela ne dissuade nullement les amoureux de la mer qui sont prêts à tout pour aller se baigner. La Gendarmerie nationale qui fait des rondes sur les lieux ne peut rien y faire car en chassant les uns, il y en a d’autres qui arrivent encore plus nombreux et ce n’est pas possible de maîtriser la situation avec un effectif aussi réduit.
Du côté de la cité Seybouse, c’est surtout entre 17 h et 18 h qu’il y a affluence, on arrive de partout et on s’installe comme si de rien n’était. Ce sont des familles entières qui occupent les lieux, hommes, femmes et enfants profitent des plaisirs de la mer ignorant les mesures de protection contre la pandémie qui sévit et qui fait chaque jour des victimes.
A Sidi Salem, une plage ouverte longue de près de 2 km, accueille chaque jour des centaines d’estivants ; à perte de vue, on voit des parasols, des tentes, des équipements de toutes sortes se pressant au bord de la mer. On se baigne, on nage, on profite du soleil et on ignore complètement cette interdiction d’accès aux plages, on ne se sent pas du tout concernés. Sur les accotements de la petite route, des parkingueurs se font payer des droits de place qu’ils se sont eux-mêmes octroyés pour racketter les automobilistes, contraints de payer cette dîme. Là aussi, ni la police, ni la gendarmerie ne sont en mesure d’appliquer cet arrêté qui, pourtant a été pris dans l’intérêt des populations pour les protéger contre la pandémie. Et là, il faut reconnaître que l’on ne peut humainement exécuter cette décision du wali tant que les populations n’y adhèrent pas. L’indiscipline et l’incivisme ont pris le pas sur la loi et l’ordre et, pour inverser cette tendance, il faudrait d’abord une campagne de sensibilisation via les médias, les réseaux sociaux, les associations de quartiers avec bien sûr une certaine « dose » de répression pour rappeler qu’il y a une autorité qui veille.