Par : R. C.
Un homme âgé de 80 ans et accusé de pyromanie a été placé sous mandat de dépôt par le juge de siège, près le tribunal d’Annaba, en attendant la date de son jugement.
Selon l’enquête préliminaire, menée par la Gendarmerie nationale, le vieil homme a, de manière accidentelle, provoqué la perte de près d’un demi-hectare de végétation au niveau de la forêt de Erranda.
Les faits remontent au jour de l’arrestation, à savoir le premier jour du déclanchement des incendies à Annaba, le mardi 10 août. Selon le communiqué du groupement territorial de la Gendarmerie nationale à Annaba, l’homme âgé de plus de 80 ans, habite au niveau d’une maison mitoyenne à la forêt de Erranda, dans les monts de l’Edough à Séraïdi. L’octogénaire aurait, selon la version de la gendarmerie, tenté de brûler certaines herbes sèches au niveau de son jardin. Mais au vue des conditions climatiques, le feu s’est très rapidement propagé pour atteindre rapidement la forêt d’Erranda, provoquant ainsi de grands dégâts.
L’investigation des gendarmes a permis, selon le même communiqué, d’arriver à la conclusion qu’il s’agissait d’un acte involontaire et accidentel et non pas d’un acte criminel. Ceci n’a pas empêché le procureur et le juge instructeur du tribunal d’Annaba de poursuivre le vieil homme pour pyromanie. Mais, c’est surtout le juge de siège qui s’est distingué par une décision que l’on pourrait qualifier de « sévère ». Le présumé « pyromane » devait être jugé en comparution immédiate, mais le juge a préféré temporiser, en renvoyant le procès à une date ultérieure, tout en plaçant le vieil homme sous mandat de dépôt. Contacté par Le Provincial, Me Mokhtar Bensaïd, le président national de la ligue des droits de l’Homme (LADH), a affirmé que, compte tenu de l’âge avancé de l’homme et du fait de l’absence de préméditation ainsi que l’absence de toute volonté de commettre le délit dont il est accusé, le juge aurait tout simplement pu placé l’accusé en liberté provisoire dans l’attente de son jugement.
En outre, 3 autres présumés pyromanes ont été arrêtés à Annaba, selon le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, mais aucun détail sur les cas de ceux-ci n’a encore filtré pour le moment.
La recherche désespérée par les pouvoirs publics d’un coupable pour les nombreux feux de forêts qui ravagent plus d’une vingtaine de wilayas depuis plusieurs jours, conjuguée à la politisation de l’arrestation des présumés pyromanes a, semble-t-il, affecté le travail, voire même l’indépendance de la justice. Emprisonner un octogénaire pour des faits accidentels qui n’ont de surcroit et fort heureusement, pas provoqué d’importants dégâts matériels, semble pour le moins injuste. Mais les voies de la justice semblent impénétrables.