Par : A.Ighil
Avec une mine patibulaire, une silhouette longiligne et le teint basané, Aissa, nous l’appellerons ainsi, est un habitué des poubelles du centre-ville. Il vit de la vente des matériaux recyclables qu’il récupère des dépotoirs. Un chômeur de longue durée, il a dû se faire une raison de vivre pour nourrir sa femme et ses deux enfants. Notre interlocuteur nous dira d’un ton las : « C’est un labeur sale, ingrat et risqué. Il ne fait pas vivre son bonhomme sans compter sur le risque d’être contaminé par un quelconque déchet toxique. Il faut ratisser large pour récupérer les déchets qui ont la moindre valeur marchande ». Le passage de ces fouilleurs de poubelles est souvent marqué par le renversement des bacs à ordures et des sacs éventrés, conséquence d’une recherche minutieuse. Depuis quelques années, la ville d’Annaba et les pôles urbains aux alentours comptent une armée de collecteurs de déchets. Un phénomène de société qui prend de plus en plus d’ampleur. Des travailleurs précarisés, des jeunes désœuvrés, des chômeurs de longue durée, ont fait de cette activité leur gagne-pain. Quotidiennement, ils fouillent minutieusement les bacs à ordures de la ville en quête d’objets divers pour les revendre. Bouteilles en plastique, carton, canettes en aluminium et déchets ferreux sont soigneusement triés contre une poignée de dinars à des intermédiaires qui les commercialisent à leur tour auprès « de recycleurs industriels ». Ces derniers, selon certaines indiscrétions, se sont spécialisés uniquement dans l’exportation. Ces entreprises activent à travers les trois grandes communes de la wilaya à savoir, le chef-lieu, El Bouni et Sidi Amar et n’arrivent à collecter que 8 à 10% des milliers de tonnes de déchets produits chaque jour. Mais, ces investissements restent en deçà de ce qui est attendu. « Ce domaine de la gestion des déchets doit être organisé », nous dira un ancien élu de la commune d’Annaba. Et d’ajouter : « Cette importante manne financière attire forcément certaines convoitises ».