Par : Hamid Daoui
Le spectacle désolant des files indiennes qui s’allongent de jour en jour devant les locaux de la Coopérative des céréales et légumes secs (CCLS) au centre-ville d’El-Khroub présage que la crise sociale serait inscrite dans la durée.
C’est du moins l’avis d’une majorité de ménages qui affluent pour arracher quelques kilogrammes de pois chiche et de lentilles qui font généralement les plats des couches populaires, les plus pauvres et précarisées. La flambée des prix de tous les produits de première nécessité a dissuadé les consommateurs d’aller s’approvisionner chez les épiciers du coin et venir faire la chaine, munis le plus souvent d’un couffin, devant le portail du dépôt de vente de la CCLS qui leur rappelle la misère qui avance !
Les prix publics largement concurrentiels, par rapport à ceux pratiqués dans les commerces du secteur privé, seraient derrière les foules de clientèles qui se présentent chaque jour afin de faire quelques économies de leurs maigres budgets, érodés par la cherté de la vie. Ces augmentations qui n’épargnent aucun produit sur le marché, livré à l’anarchie et la spéculation effrénée sans régulation ni contrôle et, encore moins, une quelconque contravention des fraudeurs à ciel ouvert.
Pour rappel, ces locaux lugubres de la CCLS, érigés sur les décombres des anciens vastes hangars de stockage des blés durant la colonisation, étaient pratiquement dans un état d’abandon jusqu’à aujourd’hui, par son propriétaire public, l’Office agricole interprofessionnel des céréales (OAIC). Ce dépôt quasiment vide avec quelques bacs et sacs disposés à l’intérieur était rarement fréquenté par les clients depuis des décennies durant. Il a fallu la manifestation de cette crise sociale avec sa flambée que les ménages se sont habitués par la force des choses à fréquenter ces lieux, réservés autrefois aux vieux retraités, accroupis dos au mur pour tuer le temps à longueur de journée. Rien de changé ! Cette habitude qui persiste encore en fin d’après-midi et le soir, est toujours en vigueur jusqu’à ce jour pour scruter les issues à leurs horizons bouchés autour de discussions interminables sur le « Où va l’Algérie ? ».
Contrairement aux autres infrastructures étatiques des grandes surfaces de distribution et de vente des produits de large consommation, à l’exemple des galeries algériennes (EDGA), des fruits et légumes (OFLA et Souk-el-fellah) et des viandes (ORVE) disparues et liquidées à la faveur des politiques néolibérales et antisociales, la CCLS a résisté contre vents et marées des convoitises des prédateurs et des forces de l’argent sale et mal acquis, ainsi que des fonctionnaires véreux à tous les niveaux.
Ne serait-il pas opportun de recourir aux moyens appropriés, y compris revenir à ce genre d’organisation des activités commerciales et de tout l’Ordre politique dans cette crise exceptionnelle qui risque d’emporter l’Algérie, menacée par le système mafieux et corrompu et un pouvoir entêté à le recycler par la répression systématique ?
Il y va de l’avenir des jeunes générations qui fuient par milliers, offrir leurs bras à la relance économique des pays de l’Occident capitaliste déstabilisé par la pandémie du coronavirus.