Si les précipitations de pluie de ces derniers jours ont été bien accueillies après des années de disette et d’un stress hydrique, elles ont paradoxalement créé un sentiment de colère et d’indignation au sein des citoyens de la ville d’El Milia. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le retour de la pluie n’a pas été que bonheur pour la population locale, qui s’est davantage enfoncée dans sa détresse. Les précipitations enregistrées ont mis à nu les carences dans la gestion locale, mais c’est surtout l’absence de réaction des responsables locaux qui n’est pas passée inaperçue. Tous ont brillé par leur absence, alors qu’ils n’hésitent pas à inonder les réseaux sociaux par les photos de leurs réunions et sorties sur un terrain qui a fini par être déserté et livré à lui-même.
Si l’on clame depuis des mois qu’un plan d’aménagement de la ville d’El Milia est en préparation, c’est cette absence qui soulève moult interrogations. L’absence de toute intervention pour nettoyer les avaloirs et dégager des cours d’eau, obstrués par de grandes quantités de déchets abandonnés par des citoyens peu regardant des conséquences de leur incivisme, a remis au goût du jour le rôle de ces responsables dans la collectivité. Si, fort heureusement, aucun dégât n’a été signalé, la débâcle est trop importante pour être occultée. Faute d’avaloirs, les eaux pluviales ont de bout en bout inondé des routes devenues des tranchées, alors que des cours d’eau, dont certains sont en phase d’aménagement, ont été obstrués par divers déchets. Diffusées sur les réseaux sociaux, ces scènes de désolation n’ont pas manqué de faire réagir des citoyens qui ne sont plus au bout de leur peine.
Chacun y va de son commentaire pour rendre responsable une flagrante défaillance dans la gestion des affaires locales, pendant que toute la ville n’offre plus que des scènes de ruine. Si les mots ne servent plus à rien pour décrire une telle catastrophe, car toute la communauté en parle, l’incompréhension est à son comble quant à cette indifférence à l’égard de cette situation. Croiser les bras et attendre que l’ordre tombe pour agir semble être le mot d’ordre des responsables locaux. Loin d’agir, ces derniers font l’autruche et attendent que la tempête passe. Et quelle tempête quand c’est la boue et toutes sortes de détritus qui souillent toute la ville et ses quartiers périphériques ! Et pourtant, des sommes colossales ont été investies par un passé récent dans des projets bâclés d’amélioration urbaine qui n’ont plus aucune trace ni impact sur la vie du citoyen. Les projets de réhabilitation des réseaux d’AEP et d’assainissement en cours d’achèvement ont certes contribué à rendre la situation difficile au centre-ville, mais l’absence de toute action pour intervenir là où il est urgent d’agir pose un sérieux souci aux administrés à l’échelle locale.
Après avoir espéré que des solutions soient apportées aux problèmes soulevés, qui n’ont pas cessé de s’accumuler durant les trois derniers mandats, ces derniers ont vite déchanté face à tant d’indifférence et d’inertie. Un peu plus d’une année après l’arrivée de nouveaux élus qui peinent à se défaire de ce réflexe, les citoyens attendent toujours le signal d’un début d’action qui ne se manifeste pas. En homme averti d’une situation qui ne lui échappe plus, le wali, Ahmed Meguellati, est attendu de pied ferme par ces mêmes citoyens qui ont à cœur de lui clamer leur ras-le-bol de ce contexte qui dure et perdure. Sauf que sa visite programmée dans cette ville risque de lui faire découvrir bien des surprises. Prendre des décisions pour remédier à cette situation des plus calamiteuses est le minimum de ce qui est attendu de cette virée dans cette agglomération sinistrée.
Par : Amor Z