Par : Adami Nada
On a tous déjà entendu parler de la schizophrénie. Cette maladie, bien qu’elle soit très fréquemment abordée dans la littérature et le cinéma, est pourtant très souvent confondue avec le trouble de personnalité multiple. Or, il s’agit de deux entités différentes. Alors quelle est la définition de la schizophrénie ?
Qu’est-ce-que la schizophrénie ?
La schizophrénie est un trouble médical psychotique grave et chronique qui perturbe le
système de transmission des messages dans le cerveau. La personne schizophrène perd la capacité d’agir correctement et de penser clairement ; «elle perd contact avec la réalité, étant dans un monde propre à elle». Cette pathologie complexe se traduit schématiquement par des manifestations productives, comme des idées délirantes ou des hallucinations, et des manifestations passives, tel qu’un isolement social et relationnel.
Elle touche environ 1 % de la population mondiale (0,5 à 1% de la population algérienne), pouvant se manifester pour la première fois pendant l’enfance, ou plus souvent, vers la fin de l’adolescence, voire dans les vingtaines. L’âge moyen à son apparition est légèrement moins élevé chez les hommes.
Quelles en sont les causes ?
Les causes de la schizophrénie demeurent toujours inconnues. Plusieurs hypothèses ont été proposées; la plus probable est que la schizophrénie résulte de facteurs génétiques qui déclenchent des changements complexes dans la chimie, structure et anatomie du cerveau. D’autres facteurs peuvent être mentionnés : Les complications intra-utérines, à la naissance ou postnatales, les infections virales du système nerveux central et la négligence pendant l’enfance. Ce trouble peut également être déclenché par le stress, dans le cas de mauvaise utilisation de substances ou de consommation de stupéfiants (notamment le cannabis) chez des personnes dont le cerveau est prédisposé.
Symptômes et Complications !
La schizophrénie peut s’installer graduellement ou subitement. Souvent, les symptômes légers (ex : trouble de l’humeur) sont suivis par des symptômes plus graves (ex : Immobilité totale, attitude suicidaire…). Ces derniers peuvent être persistants ou intermittents.
Généralement, les symptômes de la schizophrénie correspondent à l’une des deux catégories suivantes :
– Les symptômes positifs : associés à l’excès ou à la distorsion des fonctions normales et se manifestant par le délire, les hallucinations ainsi que par la pensée et comportements désorganisés qui peuvent prendre forme sous un « saut du coq à l’âne » dans le discours du malade, des comportements inappropriés (agitation, mauvaise hygiène) ou sous formes de troubles sexuels (masochisme, zoophilie…etc.).
-Les symptômes négatifs : liés à une diminution, voire une perte des fonctions normales. Cela peut comprendre l’absence de contact oculaire et de réponse émotionnelle,
la diminution de l’usage de la parole, du plaisir, de la motivation et de l’intérêt pour les activités sociales et les relations interpersonnelles, ce qui peut dans certains cas mener vers le suicide. Dans un stade plus avancé et extrêmement rare, “la schizophrénie de type catatonique” peut apparaître par une mobilité diminuée, excessive ou inhabituelle.
La schizophrénie peut se manifester par toute une gamme de symptômes, la maladie est classée en fonction des ceux qui prédominent chez une personne donnée.
Comment la diagnostiquer ?
Il n’existe pas de test standard pour diagnostiquer la schizophrénie. La maladie se reconnaît plutôt à ses symptômes. Le psychiatre interroge le patient sur sa capacité de travailler, d’avoir des rapports sociaux ou de fonctionner dans la vie quotidienne. Il peut également questionner les membres de la famille et les amis de la personne au sujet du comportement de cette dernière. Par ailleurs, il faut éliminer les autres causes possibles des symptômes. En effet, des comportements de type psychotique peuvent apparaître à cause de certaines maladies neurologiques tel qu’une tumeur au cerveau ou la toxicomanie.
Traitement et prévention !
Il est impossible de prévenir la schizophrénie car sa cause est toujours inconnue. En outre, cette maladie ne se guérit pas, mais l’emploi de médicaments antipsychotiques, psychothérapie, réadaptation et l’appui familial permettent de contrôler les symptômes. La prise de médicaments constitue la pierre angulaire du traitement de la schizophrénie, conformément aux directives du médecin. Les antipsychotiques permettent de maîtriser les délires et les hallucinations auditives ( les voix dans la tête du patient) , ainsi que la pensée désorganisée, mais restent partiellement curatifs. Le médecin discutera avec le patient de la dose, des risques et des avantages des médicaments offerts puis décideront ensemble ce qui convient le mieux au patient. Dans tous les cas, le médecin surveillera la survenue et l’évolution des effets secondaires et vérifiera l’efficacité du médicament. La réadaptation et la psychothérapie offrent à la personne schizophrène l’aide dont elle a besoin pour apprendre à vivre de façon autonome et de s’échapper au monde des ténèbres auquel elle est confrontée intérieurement.
Membre du Club scientifique “Averroès” Faculté de Médecine Annaba