En attendant que les travaux d’aménagement tels que promis par les autorités de la wilaya de Jijel soient lancés, les habitants de la ville d’El Milia continuent de manger leur pain noir. En plein mois sacré du ramadhan, ils passent des soirées ternes dans une ville totalement abîmée. Si certains sortent pour accomplir leur devoir religieux dans les mosquées de leurs quartiers, beaucoup préfèrent rester cloitrés chez eux au lieu de prendre le risque d’aller déambuler dans des rues et ruelles défoncées et plongées dans le noir. Habituellement animées, les nuits de cette ville riment avec obscurité et morosité. Elles n’offrent plus la possibilité ni l’opportunité de sortir pour des veillées nocturnes.
Si la place des martyrs m’était contée…
Autrefois cœur battant de la ville, la place des martyrs, abîmée et tel un gouffre ténébreux, est loin d’offrir cette possibilité. Tombant dans la précarité, elle pousse les gens à la fuir à la recherche d’un coin plus accueillant. L’ambiance du mois sacré du Ramadhan n’est plus au rendez-vous dans cette cité au visage hideux et répugnant. Si d’aucuns évoquent la mauvaise conduite des travaux de rénovation des infrastructures souterraines et les tergiversations à remettre les routes à leur état, d’autres imputent cette situation regrettable à de longues années d’une gestion irresponsable des affaires locales. Le hic est qu’après toutes ces années d’un travail de sape, le constat à faire est le même.
« Rien ne change », se désole-t-on à longueur de temps alors que le pays emprunte la voie d’une Algérie nouvelle qui tranche avec les pratiques passées. « Si nous sommes face à une situation d’agir ou de ne pas agir, on préfère ne pas agir », regrette, dans son bureau, il y a quelques jours, un responsable local pour signifier toute la paresse qui s’est installée dans les administrations locales. Cet aveu n’est autre que celui des difficultés éprouvées à faire bouger les choses pour relancer l’action locale. Au-delà de cette apathie administrative, ce sont les citoyens qui perdent goût à la vie qu’ils mènent dans ces conditions de précarité. En conséquence de cette situation, les soirées du ramadhan ont perdu leur goût d’antan. Les quelques cafés ouverts sont loin de faire le plein de clients.
Sans animation, des soirées ‘’cauchemardesques’’
À la sortie des mosquées, les fidèles se précipitent à pas pressés pour rentrer chez eux, fuyant cette ville fantôme. Idem dans les quartiers périphériques où des groupuscules de personnes se rassemblent pour tenter de casser la monotonie de ces nuits ternes. Autant dire que toutes les conditions ont été réunies pour rendre les soirées du ramadhan tristes et sans saveur. À la vie culturelle totalement désertique marquée par l’absence totale d’animation, l’état dans laquelle s’est retrouvée la ville a achevé ce qui reste de ces veillées. À ce désert d’animation nocturne, s’ajoute ce risque à prendre en se déplaçant en voiture ou même à pieds dans des routes défoncées et hors d’usage.
Subir des pannes mécaniques ou trébucher dans ces multiples excavations qui défigurent tout le réseau routier est le risque à prendre en se déplaçant dans ces conditions. Face à cette situation, des promesses sont lancées pour entamer des aménagements pour relooker la ville. Tantôt, on avance ce mois d’avril pour lancer les procédures de ces opérations, tantôt on retarde l’échéance pour le mois d’août. En attendant, la vie est de plus en plus infernale dans un contexte d’indifférence des responsables locaux, dépassés, semble-t-il, par l’ampleur des dégâts causés à cette ville. Les soirées du ramadhan ne sont que l’autre face d’un cauchemar qui continue de hanter les nuits et les jours des habitants, subissant un sort des plus durs et cruels.
Par : Amor Z