Dans la zone promotionnelle de Bougentas, les habitants se sont retrouvés confrontés à une réalité bien éloignée des promesses initiales faites lors de l’achat de leurs logements. Face à l’inaction des promoteurs immobiliers et des autorités locales, une mobilisation citoyenne sans précédent s’est organisée, marquant un tournant décisif dans la transformation de leur cadre de vie.
Un quotidien éprouvant qui appelle à l’action
Les résidents de Bougentas, séduits par des promesses de logements de standing, ont rapidement été confrontés à une réalité bien différente. Les promoteurs immobiliers, responsables de la construction de ce quartier, ont failli à leurs engagements les plus élémentaires. Les infrastructures de base, comme les routes et les réseaux divers, sont à peine fonctionnelles, plongeant le quartier dans un état lamentable. Les routes se transforment en bourbier à la moindre pluie, et la couverture téléphonique est sporadique, rappelant celle des zones les plus reculées du pays.
Les familles, espérant voir leur quotidien s’améliorer rapidement, ont dû se rendre à l’évidence : les promoteurs n’ont pas l’intention de remédier à ces manquements. Les enfants se rendent à l’école en traversant des chantiers non sécurisés, tandis que les automobilistes doivent garer leurs véhicules loin de chez eux, au risque de les voir bloqués dans la boue. Plus inquiétant encore, l’arrivée imminente de l’hiver fait craindre aux résidents une répétition des conditions désastreuses de l’année précédente, marquée par des routes devenues impraticables.
Une initiative citoyenne qui change la donne
Refusant de voir leur situation empirer à l’approche de l’hiver, les habitants ont décidé de prendre les choses en main. Ils ont collecté des fonds entre eux, avec une première contribution de 7.000 DA par foyer, suivie d’une seconde de 5.000 DA. Grâce à ces cotisations, ils ont pu faire appel à une entreprise privée qui a pris en charge l’ensemble des travaux nécessaires pour améliorer le quartier.
Cet entrepreneur a supervisé le gravillonnage des routes et des espaces publics, rétablissant ainsi un semblant de praticabilité dans une zone jusqu’alors négligée. En plus des travaux sur les routes, des arbres ont été plantés pour embellir le quartier et renforcer sa sécurité. Les habitants, soucieux de la sécurité de leurs enfants face à un oued d’eau pluviale traversant le quartier, ont également financé la construction d’un mur séparateur. Bien que cette initiative ait été jugée «illicite» par les autorités locales, les riverains ont persévéré en plantant des arbres pour créer une barrière naturelle, assurant ainsi la protection de leurs proches.
Les avertissements ignorés de l’ex-wali Berimi
Cette situation critique n’est pourtant pas inattendue. Lors de sa dernière visite à Bougentas, l’ancien wali d’Annaba, M. Berimi, a sévèrement critiqué les promoteurs immobiliers pour leur gestion irresponsable du quartier. «Vous décidez de créer de nouveaux quartiers en construisant sur des terrains privés à tout va, et vous vous attendez que la wilaya paye pour les installations publiques», a-t-il déclaré, dénonçant l’attitude de promoteurs plus préoccupés par leurs profits que par le bien-être des résidents.
Malgré ces avertissements, les promoteurs n’ont pris aucune mesure nécessitant à remédier les problèmes des résidents de Bougentas, les laissant livrés à eux-mêmes. Cette absence de réaction a contraint les habitants à se substituer à des professionnels défaillants, dans une tentative désespérée de préserver la qualité de vie dans leur quartier.
Une leçon d’autonomie et de solidarité
Le cas de Bougentas montre les conséquences désastreuses de l’irresponsabilité des promoteurs immobiliers, mais il révèle aussi la capacité des citoyens à se mobiliser face à l’adversité. La solidarité qui s’est exprimée au sein de ce quartier est un exemple de résilience, mais elle ne doit pas masquer les graves manquements des professionnels et des autorités en charge de l’urbanisme.
Si les habitants peuvent être fiers de leur initiative, leur mobilisation met également en lumière la nécessité d’une prise de conscience chez les promoteurs et les autorités locales. Il est urgent que ces derniers assument leurs responsabilités, afin de garantir que les infrastructures publiques soient à la hauteur des attentes légitimes des citoyens, et que de telles situations ne se reproduisent plus ailleurs.
Les résidents de Bougentas ont montré qu’ils peuvent se prendre en main, mais cela ne les exonère pas du droit de réclamer ce qui leur est dû : un cadre de vie conforme aux promesses qui leur ont été faites.
Par : Mahdi AMA