Face à la menace croissante du trafic de stupéfiants et à l’augmentation de la consommation de drogues chez les jeunes, l’Etat durcit son dispositif de lutte contre ce fléau. Le gouvernement prévoit de renforcer le cadre législatif en alourdissant les peines infligées aux trafiquants et en adaptant les procédures judiciaires pour améliorer l’efficacité des poursuites.
Cette démarche intervient dans un contexte de forte pression aux frontières, notamment à l’ouest du pays, où les saisies de drogues et les arrestations se sont multipliées ces derniers mois. Les services de sécurité intensifient leurs opérations tandis que les autorités misent aussi sur la prévention, via des campagnes de sensibilisation diffusées dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Dans cette optique, une stratégie nationale de lutte contre la drogue et les substances psychotropes pour la période 2024-2029 a été mise en place, conformément aux directives du président de la République. Ce plan vise à coordonner les efforts de prévention et de répression autour de plusieurs axes complémentaires, impliquant l’ensemble des acteurs concernés : services de sécurité, justice, ministères et société civile.
Un volet important de cette stratégie concerne la prise en charge des toxicomanes. Un réseau de structures spécialisées est en cours de déploiement, comprenant des centres de soins ambulatoires et résidentiels. L’objectif affiché est d’installer au moins une structure de traitement dans chaque wilaya. Ces établissements proposent un accompagnement médical et psychologique adapté aux personnes dépendantes.
Le plan national entend aussi fédérer les différents secteurs autour d’un programme transversal axé sur la prévention, la réinsertion sociale et la protection de la jeunesse. « Cette stratégie doit répondre à des enjeux cruciaux liés à la santé publique, à la réussite scolaire, à l’intégration professionnelle et à la sécurité des personnes », a expliqué une responsable du secteur.
Les données disponibles confirment l’ampleur du défi. Depuis les années 1980, l’Algérie a vu une progression constante de la consommation de cannabis et de tranquillisants, souvent associés à l’alcool. Plus récemment, des drogues dures comme la cocaïne et l’héroïne ont fait leur apparition dans les grandes agglomérations. Selon l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), 2,5 % de la population avaient expérimenté une drogue en 2010. En 2021, la consommation de cocaïne a bondi de 200 %.
Le déficit en structures d’accueil et de désintoxication accentue la vulnérabilité des jeunes face à la drogue, devenue un facteur aggravant des fléaux sociaux. Pour les autorités, seule une approche globale combinant éducation, prévention, répression et accompagnement thérapeutique pourra endiguer ce phénomène qui menace l’avenir de toute une génération.
Par : R.C