A la veille de l’ouverture de la saison estivale, la plage d’Oued Bakrat et son réaménagement était au cœur des sujets populaires à Annaba. Aujourd’hui, et alors que la saison bat son plein, la privatisation de parcelles de cette plage emblématique, soulève une vive polémique sur les réseaux sociaux. Une polémique qui a contraint la wilaya, la direction du Tourisme, et la mairie de Seraidi à réagir et à s’expliquer.
Etat des faits
Pour résumer, nombreux sont les citoyens et les internautes à s’être insurgés de la privatisation de parcelles de ladite plage pour cette saison. Des dizaines de publications incendiaires sont venues accuser le maire de Seraidi de corruption et d’opacité relativement à l’attribution de concessions de 3 à 5 ans à des investisseurs sur cette plage.
Une grande partie des Annabis estime que cette plage devrait rester gratuite, publique et accessible à tous, ce, dans son intégralité.
De son côté, le maire a communiqué, au début de l’année 2024, sa volonté de changer les pratiques à Oued Bakrat en y installant des investisseurs touristiques qualifiés. Il n’a, d’ailleurs, pas manqué de communiquer l’appel d’offres national dès son émission, mettant en avant son désir «d’élever les activités touristiques à Seraidi au rang supérieur».
A Oued Bakrat, aujourd’hui on observe plusieurs plages privées, réparties sur trois lots de terrain, comme précisé auparavant par la mairie de Seraidi. Si ce tableau est étranger à ladite plage, il demeure très répandu sur les plages des pays où les activités des plages privées font partie du paysage depuis longtemps.
Des habitudes bousculées
Si cette polémique ne concernait que quelques détracteurs au début, elle soulève aujourd’hui un véritable tollé en raison de certaines libertés prises par les gérants des plages privées. Des libertés qui sont venues bousculer des pratiques profondément ancrées chez les Annabis.
Selon de nombreux témoignages, l’occupant de la plage située à l’extrémité d’Oued Bakrat empêcherait les passants de franchir la plage pour rejoindre les rochers.
Petit bémol, ces rochers assurent le passage vers les criques de Seraidi qui ont de tout temps fait partie des étés annabis.
Selon les témoignages des baigneurs, la quasi-totalité des investisseurs empêcheraient les passants de franchir leurs concessions ne serait-ce que pour rejoindre l’autre bout de la plage.
Par ailleurs, la mer a été délimitée avec des flotteurs au niveau de chaque espace privatisé. Pour l’heure, aucun responsable ne s’est expliqué sur ce paramètre qui flirte avec l’illégalité.
De notre côté, nous nous sommes rapprochés d’un investisseur, qui nous a confié avoir pris cette mesure par sécurité, afin de délimiter l’accès des bateaux de plaisance, jets-ski et autre appareils motorisés.
La réponse des autorités
Face à autant de contestations, le maire de Seraidi a été le premier à répondre. «Les concessions au profit d’investisseurs privés ne relèvent pas de la corruption ou de l’opacité. C’est un profit qui va directement dans les caisses de la Commune pour servir la commune. Il est de surcroît réglementé par la loi».
Le responsable de la Municipalité a, par ailleurs, pointé du doigt les investisseurs, qui s’accordent plus de droits qu’ils n’ont en réalité, précisant qu’ils n’ont aucune prérogative pour gérer le passage des estivants par leurs plages.
De son côté, la wilaya a dépêché une Commission d’inspection qui mènera une visite inopinée sur les lieux pour révéler le vrai du faux dans cette polémique. Communiqué le weekend dernier, cette mesure n’a pas encore enregistrée de retour.
De son côté, la direction du Tourisme et de l’Artisanat a publié dans la soirée d’hier un communiqué où elle détaille ce qui suit : «Seulement, 36% de la plage ont été cédés pour des concessions. Le reste de la plage, soit 64%, demeure accessible au public. Ladite direction a tenu à rassurer que l’accès public à ces parties de la plage est, non seulement, préservé, mais également protégé par la loi. Cette répartition vise à équilibrer les intérêts des acteurs privés et des citoyens, garantissant ainsi une utilisation équitable et ordonnée de l’espace balnéaire».
La direction du Tourisme et de l’Artisanat rejette catégoriquement et condamne les rumeurs circulant sur les réseaux sociaux concernant la privatisation totale de la plage de Djenane El Bey. Ces accusations, qualifiées d’infondées, ne reflètent pas la réalité des mesures mises en place, selon le communiqué.
Relativement à l’appel d’offres de la discorde qui a conduit à l’octroi de ces concessions, ladite direction s’est également expliquée. «Les zones mises aux enchères ont été octroyées avec des licences d’utilisation et d’exploitation touristiques, permettant ainsi une meilleure gestion et entretien des espaces dédiés aux activités touristiques».
Les autorités ont souligné que ces enchères ont été organisées de manière légale et transparente, ouvertes à tout le public. Elles se sont conformées à plusieurs textes législatifs et réglementaires, notamment la loi 03-02 du 17 février 2003, fixant les règles générales d’utilisation et d’exploitation touristiques des plages, le décret exécutif 274-04 du 5 septembre 2004, fixant les conditions d’exploitation touristique des plages ouvertes à la baignade, et la décision ministérielle du 18 mai 2006, définissant les modèles d’accords et des cahiers des charges pour les licences d’exploitation touristique des plages.
Par : Mahdi AMA