Par : Hamid Baali
Édifié par une société italienne, le barrage de Bouhamdane, devant assurer l’alimentation en eau potable et l’irrigation de la région, distant d’une vingtaine de kilomètres de Guelma, avait été mis en exploitation au début des années 2000, à la grande satisfaction de la population qui avait enduré un calvaire insoutenable durant des années. Cet ouvrage, d’une capacité théorique de 185 millions de m3, possède une station de traitement des eaux qui alimente les communes de Guelma, Bendjerah, Medjez-Amar, Hammam-Debagh, Houari-Boumediene et Roknia par le biais de l’ADE.
La semaine dernière, les agriculteurs spécialisés dans la culture de la tomate industrielle sur une superficie de plus de 4.500 ha, dans les communes de Belkheir et Boumahra, avaient exprimé leur inquiétude, voire leur colère : “ Nous avons investi tout ce que nous possédons pour louer des terres, acheter des millions de plants de tomate et des phosphates, et l’eau qui est indispensable manque à l’appel ! La campagne qui démarre début mars s’avère compromise, car l’ONID (Office national d’irrigation et de drainage) refuse de nous accompagner dans notre démarche cette année, sous prétexte que le barrage de Bouhamdane est presque vide. Comment allons-nous faire puisque toutes nos économies sont engagées ?”. Le directeur de cet ouvrage est catégorique : “Il est à un niveau très bas, à savoir 38 millions de m3 d’eau, soit à peine 20% de sa capacité ! Il est hors de question de consacrer 20 millions de m3 à l’irrigation des terres, et les fellahs doivent comprendre que notre décision est sage, car l’alimentation en eau potable est primordiale ! Nous avons opté pour cette solution, car la situation est critique et des sacrifices sont exigés de la part de nos partenaires !”. Contacté, un responsable de l’Algérienne des eaux nous confie : “Nous consacrons chaque année 25 millions de m3 d’eau potable pour les abonnés de sept communes dont le chef-lieu de wilaya, et il est impératif d’utiliser rationnellement les 38 millions emmagasinés ! “.
Les agriculteurs prendront leurs responsabilités durant cette crise hydrique, car l’irrigation sollicitée mettrait à sec le barrage ! La gravité de la situation qui prévaut recommande une gestion avec tact et prudence pour ne pas pénaliser des centaines de milliers de citoyens. Seule la bénédiction divine pourrait nous tirer d’embarras si des pluies conséquentes surviennent au cours des mois de mars et d’avril! Nous apprenons que le barrage de Bouhamdane alimente à concurrence de 95% la ville de Guelma, sachant que les cités Mekhancha, Frères Rahabi, ancien stade et Bensouilah dépendent de la nappe d’Oued Maïz. Il nous souligne que les eaux souterraines de F’touh à Oued H’lia, d’un débit moyen de 60 litres par seconde, desservent quelques localités dont Bouchegouf.
La diversité des ressources hydriques serait un atout incontournable, et la réalisation du deuxième barrage de Coudiat El-Harèche serait la bienvenue pour nous mettre à l’abri des pénuries de ce précieux liquide. Les pouvoirs publics sont interpellés pour assumer leurs responsabilités et assurer la disponibilité de ce produit vital.