Hier matin, le Théâtre régional Azzedine Medjoubi a accueilli une conférence de presse dédiée au rôle de la formation dans le développement de la place des femmes dans les professions du théâtre en Algérie. Cette rencontre, animée par Mohamed Boukeras, directeur de l’Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l’audiovisuel (ISMAS), a mis en lumière l’évolution de la présence féminine sur la scène théâtrale algérienne ainsi que les défis persistants dans ce domaine.
Lors de son intervention, Mohamed Boukeras a retracé l’histoire de la participation des femmes comédiennes au théâtre algérien, depuis la période précédant l’indépendance jusqu’à aujourd’hui. Il a rappelé que la première pièce produite par le Théâtre national algérien (TNA) était un monodrame mettant en scène une héroïne, interprétée par la comédienne Sonia. Ce témoignage illustre l’implication ancienne des femmes dans l’art dramatique. Cependant, il a souligné que, malgré leur forte présence en tant que comédiennes et leur formation de plus en plus pointue, un déficit persiste en matière de femmes metteuses en scène, dramaturges et scénographes.
Dans ce cadre, le directeur de l’ISMAS a mis en avant la récente introduction d’un master en écriture dramatique au sein de l’institut, visant à encourager la formation de nouvelles plumes dans le paysage théâtral algérien et a mis l’accent sur qu’il y a dix annexes de l’ISMAS dans toute l’Algérie. Il a insisté sur la nécessité d’accompagner les écrivaines et réalisatrices pour combler ce manque, affirmant qu’il n’existe aucune différence entre les hommes et les femmes dans l’art de l’interprétation. Toutefois, il a rappelé qu’un déficit dans la présence de femmes dramaturges est observé depuis les années 1980.
Mohamed Boukeras a également abordé la question de la représentation des thématiques féminines sur scène, soulignant que les femmes ont une approche plus authentique des sujets qui les concernent, notamment en matière de liberté et de condition féminine. Selon lui, une dramaturge femme serait plus à même de retranscrire ces réalités, car elle les vit au quotidien.
Un manque d’archivage du théâtre algérien
Dans un tout autre domaine, la Dr Hassina Bouchikh, enseignante au département de l’information et de la communication, a soulevé un problème majeur : l’absence d’efforts conséquents pour l’archivage du théâtre algérien et de ses artistes. Elle a déploré le manque de bases de données, de ressources documentaires et d’ouvrages universitaires consacrés aux comédiens et aux pièces théâtrales algériennes.
Cette conférence a ainsi mis en exergue les avancées réalisées en matière des formations en Algérie, tout en pointant les défis à relever, notamment en matière d’écriture dramatique féminine et de préservation du patrimoine théâtral national.
Par : Ikram Saker