Lors du dernier jour de l’ACF 2025, nous avons recueilli l’essence d’un entretien exclusif avec Yazid Benmouhoub, directeur général de la Société de Gestion de la Bourse d’Alger. Dans cet échange, il expose sa stratégie pour transformer la Bourse en «marché de la croissance» et ouvrir les portes du financement aux startups, illustrées par le succès historique de l’introduction de Moustachir.
Lors du dernier jour de l’ACF 2025, événement phare dédié à l’entrepreneuriat et à la transformation numérique, Yazid Benmouhoub, directeur général de la Société de Gestion de la Bourse d’Alger, a présenté sa vision novatrice lors d’une intervention intitulée «L’introduction des startups aux bourses : Quand et comment?». Dans une interview exclusive réalisée par nos soins, il a partagé les grands enjeux et les réformes récentes qui transforment l’accès au financement pour les jeunes entreprises en Algérie.
Q : Pour commencer, pourriez-vous vous présenter brièvement et nous expliquer ce qui motive votre présence, ainsi que celle de la Bourse d’Alger, à cet événement dédié à l’entrepreneuriat et aux startups ?
Yazid Benmouhoub : «Je me présente, Yazid Benmouhoub, directeur général de la Société de Gestion de la Bourse d’Alger, institution établie depuis 1997. Ma présence ici s’inscrit dans notre volonté d’accompagner activement l’évolution de l’écosystème entrepreneurial algérien. En participant à l’ACF 2025, nous démontrons notre engagement à transformer le marché traditionnel des PME en un véritable «marché de la croissance» et à ouvrir nos portes aux startups, véritables moteurs de l’économie de la connaissance.»
Q : La Bourse d’Alger constitue-t-elle aujourd’hui une option viable pour les startups en quête de financement et de développement ?
Y.B. : « Absolument. Nous avons revu nos conditions d’accès afin de mieux répondre aux besoins des jeunes entreprises. En modifiant nos critères dès la fin de l’année 2024, nous facilitons désormais l’intégration des startups et des PME dans un environnement financier moderne, qui offre des leviers essentiels pour leur développement.»
Q : Quelles sont les conditions qu’une startup doit remplir pour envisager une introduction en bourse ?
Y.B. : «Pour qu’une startup puisse accéder à la cotation, il est impératif qu’elle se structure en société par actions, et non en société par actions simplifiée, conformément aux prescriptions du Code de commerce. Par ailleurs, le projet à financer doit atteindre un seuil minimal de 10 millions de dinars (1 milliard en centimes). Ces conditions, loin d’être contraignantes, assurent une base solide en termes de gouvernance et offrent des avantages fiscaux, tout en garantissant une meilleure visibilité au niveau national et international.»
Q : Avec l’introduction de Moustachir, première startup cotée ce janvier, quels enseignements les startups présentes ici peuvent-elles en tirer pour envisager, elles aussi, cette opportunité de financement ?
Y.B. : «L’introduction de Moustachir est un événement historique, particulièrement pour une entreprise de seulement deux ans qui a réussi à lever 94 millions de DA. Ce succès envoie un message d’espoir fort à l’ensemble de l’écosystème startup de la région MENA. Il démontre que même les entreprises les plus jeunes peuvent trouver en bourse le levier financier nécessaire à leur expansion. Nous sommes convaincus que cette réussite encouragera d’autres startups à suivre cette voie et contribuera à la transformation de notre économie d’un modèle de rente vers une économie de la connaissance.»
À travers cet entretien, Yazid Benmouhoub a mis en lumière la stratégie de la Bourse d’Alger, désormais résolument tournée vers l’innovation et le financement des startups. La refonte des conditions d’accès et le succès retentissant de l’introduction de Moustachir illustrent comment l’institution se positionne en catalyseur de la transformation économique. L’ACF 2025, en réunissant entrepreneurs, investisseurs et experts, confirme ainsi son rôle de plateforme incontournable pour inaugurer une nouvelle ère de l’entrepreneuriat en Algérie.
Par : Mahdi AMA