La campagne de haine menée par l’extrême- droite et ses relais dénoncée avec force par Ségolène Royal. L’Algérie d’avant la colonisation était une grande civilisation broyée par le colonialisme français, a-t-elle rappelé.
Face aux discours «algérophobes» récurrents de l’extrême droite, des voix commencent à s’élever en France pour alerter sur les dérives d’une mouvance irrémédiablement imbibée par une idéologie coloniale et ouvertement raciste. L’acharnement de l’extrême droite française sur l’Algérie est, en effet, dénoncé ces jours-ci par plusieurs personnalités politiques et médiatiques françaises, «révélant ainsi l’une des plus importantes périodes de turbulences politiques de la 5e République», a souligné, hier, l’agence de presse APS dans une longue dépêche.
Sur un plateau d’une chaine TV française, l’ancienne ministre française et ex-candidate à la présidence, Ségolène Royal, a dénoncé avec force la campagne de haine menée par l’extrême- droite et ses relais. «Il faut arrêter tous les discours méprisants pour l’Algérie», a-t-elle averti car «la façon dont vous parlez de l’Algérie résonne sur tout le continent africain».
Elle a rappelé que l’Algérie d’avant la colonisation était une grande civilisation broyée par le colonialisme français. «Il y avait une grande civilisation algérienne, il y avait une culture, un développement économique, des structures familiales et villageoises, tout cela a été brisé, broyé par cette effroyable» colonisation, avait-elle observé. Sa sortie médiatique est intervenue au lendemain de l’entretien accordée à LCI par la cheffe de l’extrême droite et président du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée française, Marine le Pen. Dans une diatribe incendiaire, celle-ci a appelé « à de mesures de rétorsion contre l’Algérie ».
«Ce que Donald Trump a fait avec la Colombie, c’est ce que nous réclamons de faire avec l’Algérie », a-t-elle déclaré, affichant ainsi une approche radicale face à l’immigration. Plus grave, dans un élan révisionniste et négationniste, elle a avancé que la colonisation n’a pas été un «drame» pour l’Algérie. «Je peux comprendre que des peuples souhaitent obtenir l’indépendance. Mais je pense que venir dire globalement que la colonisation a été un drame pour l’Algérie, ce n’est pas vrai », a-t-elle dit, se joignant à ses compères falsificateurs de l’histoire. Autre personnalité politique à décriée l’extrême-droite, le député de La France Insoumise, Bastien Lachaud, a déclaré devant le parlement : «C’est l’algérophobie qui est votre rente politique, vous attisez la xénophobie, l’islamophobie et le racisme ».
«Influenceurs algériens, Boualem Sansal, accord franco-algérien, Grande mosquée de Paris : une surenchère politique et médiatique insensée alimente la montée des tensions (…), et une campagne de stigmatisation délirante contre les Algériens et les Français d’origine algérienne», a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
Une déferlante de haine
Il a, en outre, appelé à «s’opposer à ce déferlement de haine et démonter ce tissu de fantasmes pour retrouver la voie d’une relation apaisée». Un déferlement de haine nourri notamment par le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleu, figure de proue d’une mouvance ouvertement hostile à l’Algérie. Sur une autre chaine de TV française, la directrice de la revue Regards, Catherine Tricot, opine : « Je ne crois pas que c’est pour Boualem Sansal que la France joue ses relations avec l’Algérie. Sansal est un prétexte qu’a trouvé Retailleau pour développer son discours de guerre de civilisation contre le monde musulman, et contre les Algériens en particulier».
Plus révélateur encore sur la crise politique interne en France et de l’inconséquence des polémiques créées de toutes pièces par son extrême-droite mal-inspirée, les arguments de la surenchère haineuse sont déconstruits par les institutions françaises elles-mêmes.
Ainsi, après avoir accéléré les hostilités à cause du refus d’Alger d’accueillir un influenceur algérien sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (les fameux OQTF), et son expulsion manu militari par le ministre français de l’Intérieur sans respecter les usages diplomatiques, c’est le tribunal administratif de Paris qui désavoue Bruno Retailleau, estimant que la procédure d’expulsion en urgence absolue de l’homme de 59 ans, le 9 janvier, a été appliquée « à tort ». Le tribunal a rappelé par ailleurs à Retailleau que s’il voulait procéder à l’expulsion, il «devra le faire dans le cadre d’une procédure d’expulsion ordinaire».
Par : Akram Ouadah