Jamais une visite d’un wali n’a été aussi attendue que celle effectuée, mardi dernier, par Ahmed Meguellati, wali de la wilaya de Jijel, à El Milia. Dans l’air depuis quelques jours, ce déplacement a suscité un intérêt particulier au sein des citoyens. Surtout parce que le chef de l’exécutif était attendu, tel un sauveur, par ces derniers pour les délivrer de l’état catastrophique de la ville qu’ils habitent.
De son côté et, conscient de l’enjeu de cette visite, Ahmed Meguellati n’a pas manqué de rappeler aux citoyens qui sont allés à sa rencontre les multiples projets de développement dont a bénéficié la commune d’El Milia. Affichant sa bonne volonté d’agir, il s’est montré incisif dans ses interventions pour tancer les responsables locaux, visiblement peu enclins à assumer leur responsabilité dans le défi à relever pour remédier à la situation difficile vécue par la population locale.
D’emblée, il n’a pas mâché ses mots face au P/APC, le rappelant à l’ordre pour respecter la réglementation en vigueur, afin d’accélérer le lancement des opérations inscrites à la réalisation. Il lui a surtout rappelé d’accélérer les procédures d’exécution des programmes de développement portant sur un budget colossal de plus de 400 milliards de centimes. « Un budget digne d’une wilaya », a rappelé Ahmed Meguellati au P/APC. Dans son périple qui l’a conduit à visiter plusieurs points, le wali est allé s’enquérir de l’état du stade OPW de Boutias qui a bénéficié d’une opération de rénovation de son tartan synthétique.
Tout juste après, il a pris son bâton de pèlerin pour voir de visu l’évolution des projets en cours de réalisation. Ce déplacement l’a très souvent confronté à des citoyens très remontés contre la conduite des programmes de développement, connaissant des retards ou des difficultés dans leur exécution. Toutefois, le fait le plus saillant de cette visite a été sans conteste le désir des citoyens de voir le wali agir au plus vite pour changer cette triste situation de la ville d’El Milia. Tantôt il incite ces derniers à la patience, tantôt il leur rappelle que d’autres projets vont être lancés. Il a surtout promis que la ville d’El Milia aura un nouveau visage d’ici l’été prochain.
Face à des citoyens qui demandent l’inscription de nouveaux projets, il clame qu’il y a d’autres priorités plus urgentes, à l’image de l’aménagement de cette ville nécessitant, selon lui, 37 milliards de centimes. Sur le site d’un projet de réalisation de 40/50 logements de la formule du logement promotionnel aidé (LPA), des citoyens l’abordent pour tenter de lui passer le message à travers lequel ils clament qu’ils en ont marre de la situation qu’ils vivent.
« Le président Tebboune insiste sur le rapprochement de l’administration du citoyen, cette administration est loin de nous, ici, à El Milia », lui lance un citoyen, retraité du secteur de la Santé, venu lui soulever un problème de raccordement au réseau d’assainissement. Assailli par des souscripteurs qui demandent la livraison de leurs logements, le chef de l’exécutif presse les responsables de ce chantier à fixer un délai pour la remise des clés. Il menace d’inscrire sur la liste noire les promoteurs et les entreprises défaillantes. Pendant ce temps, des voix s’élèvent pour demander au wali de revenir s’enquérir de l’état de cette commune.
D’autres le remercient de cette virée qui leur donne espoir. Profitant de ce rassemblement, un homme surgit. C’est un bénévole qui intervient depuis plusieurs mois dans les multiples points noirs qui souillent la ville. Il dénonce l’inaction des responsables locaux qui ne le soutiennent pas dans les actions de nettoyage qu’il effectue. Sur son élan, il invite le wali à voir de près l’état des avaloirs obstrués tout au long de la route menant à l’hôpital. Il fait rappeler au chef de l’exécutif qu’une maison en construction, démolie en 2016 par un ex-wali, est toujours là. La dalle effondrée est réellement là depuis plusieurs années. Aucun service n’a daigné agir pour enlever les déblais de cette construction, renvoyant l’image d’une localité bombardée.
Face à la préoccupation soulevée, le chef de l’exécutif ordonne à des responsables locaux et des directeurs exécutifs d’intervenir au plus vite. « Dès samedi (hier) », a-t-il martelé, pour nettoyer les avaloirs tout au long de la route de l’hôpital et enlever les déblais de cette bâtisse. Une consolation pour cet infatigable bénévole qui n’a pas cessé depuis plusieurs mois de crier à qui veut l’entendre que la route de l’hôpital mérite soin et entretien. Au service des urgences médicochirurgicales de l’EPH Bachir Mentouri, qui a connu un aménagement pour un montant total de 15.017.873,62 DA toutes opérations confondues, Ahmed Meguellati affiche sa satisfaction devant les explications données pour la prise en charge des malades. Avant d’achever cette longue et harassante visite, le wali fait face à une énième grogne des citoyens, d’abord à la cité Menkouche, qui connaît un important projet d’aménagement, et ensuite à l’école coranique.
Tous évoquent leur triste quotidien dans cette ville, laissée à l’abandon par tant de laxisme et de gabegie dans la conduite de ses affaires. On lui rappelle l’état des marchés de proximité abandonnés, alors que le commerce illégal encombre les routes et les espaces publics. Un citoyen lui évoque un projet qui traîne depuis plusieurs années sur les hauteurs de la ville entrant dans le cadre d’un investissement pour la réalisation d’une forêt récréative.
L’investissement est l’autre segment qui ne se relance pas dans cette ville où le projet de réalisation de deux hôtels, que le wali a visité avant son départ, est à l’arrêt depuis des décennies. Face à tant de problèmes et de préoccupations, Ahmed Meguellati rappelle qu’il a consacré une visite de trois jours à El Milia. Il lui reste encore deux jours pour achever ce périple mouvementé dans cette région qui fait tant parler d’elle. Quant au citoyen, il attend du concret pour voir son triste quotidien changer.
Par : Amor Z