Longtemps confinées dans un territoire à milles lieues de la vie, des régions entières du sud de la wilaya de Jijel se désenclavent peu à peu. Doucement, mais sûrement, elles bénéficient d’un réseau routier qui se met en place de la commune de Ghebala à Erraguenne Souici, en passant par Ouled Rabah, Ouled Asker, Djimla et Beni Yadjis, ainsi que d’autres régions à la lisière de cette vaste étendue du pays profond. La vie est en train de renaître de ses cendres dans ces contrées éloignées après que l’Etat ait lancé d’importants projets de désenclavement. Pour preuve, le commun des habitants de ces lieux, tout comme tout autre citoyen en déplacement dans la région, peut circuler sans encombre ni obstacle. Au-delà des contraintes de l’éloignement et de privation dans certains domaines liés à l’absence de toutes opportunité d’emploi, au chômage, à la défaillance dans la couverture sanitaire, au manque du transport et de l’eau, pour ne citer que ces principales commodités pour une vie décente, l’effort du développement reste visible.
Gaz, routes… les efforts de l’Etat sont visibles
Il se manifeste dans ces routes enchevêtrées dans des régions enclavées. L’isolement de ces contrées n’est plus qu’une histoire ancienne. Une virée à travers ce vaste territoire permet de se rendre à cette évidence qui se manifeste au grand jour dans ces réseaux routiers interconnectés. Le déplacement d’une petite localité d’Ouled Rabah à Ouled Asker ne pose plus problème. Il est facilité par des voies de désenclavement mises en place par cet effort salutaire des pouvoirs publics dans ce domaine. Un domaine d’une priorité absolue permettant de découvrir et d’apprécier la beauté des régions de l’arrière-pays profond. Dans une virée qui nous a récemment menés dans ces régions, le bonheur de découvrir ce monde est au rendez-vous. Encore visible sur les hauteurs montagneuses de la région, notamment au sommet du mont Boudaoud, relevant de la commune de Tessala Lemtaï, à Mila, limitrophe d’Ouled Asker, à Jijel, la neige est encore là. Elle renvoie un somptueux paysage dans ces contrées que des familles viennent découvrir. Avant que ce mont enneigé n’apparaisse, il a fallu traverser plusieurs localités. En venant de Larbaa, le centre urbain de la commune d’Ouled Rabah, la route du CW 41, dont certains tronçons sont à réhabiliter, est à emprunter sans difficultés. Elle nous emmène à Bouchkab et El Annab, aux confins des limites administratives avec Ouled Asker.
La région revient de loin !
Si le transport est quasi absent, quelques fourgons aménagés en bus se manifestent de temps à autre. Ils déposent ou ramassent des citoyens las d’attendre pour embarquer à bord d’un véhicule, fut-il des camionnettes de fortune. Des salles de soins offrant le plus basique des services à la population sont ouvertes. Le médecin ne se présente que rarement dans ces structures sans âme. Le travail de la terre se limite à cette agriculture de subsistance. Elle permet une certaine autoconsommation à des familles sans revenus ou vivant sur ce labour vivrier. L’élevage animal est traditionnel. Il se limite à des têtes d’ovins ou des bovins de la race locale. L’olivier est l’arbre sacré. C’est grâce à la production de l’huile d’olive que les familles subsistent. Kaa Ezzane est là. Elle s’offre à nous dans cette virée. Cette contrée relevant de la commune d’Ouled Asker est l’une des plus enclavées à la lisière des limites administratives avec Mila. Rencontrés sur les lieux, des habitants visiblement désorientés, ne savent pas où s’orienter pour donner une issue à leur détresse. La couverture téléphonique est absente. Les services de santé aussi. Un projet de raccordement au gaz naturel est toutefois lancé. Maigre consolation pour cette contrée vivant dans la précarité, le dénuement et la privation. Seuls ceux ayant une pension de retraite ont un revenu stable. Le reste des habitants n’ont qu’à se débrouiller pour subvenir aux besoins les plus élémentaires de leurs familles. L’Etat aura tout à gagner d’investir dans ces régions par des aides à la population. Dans le domaine de l’arboriculture, de l’apiculture, de l’élevage bovin, ovin ou caprin, et également dans le segment de l’aviculture. La réhabilitation du monde rural est une nécessité pour relancer la vie dans ce vaste territoire qui s’étend jusqu’aux régions limitrophes relevant de la wilaya de Mila. C’est d’ailleurs à Bainane que les habitants de Kaa Ezzane trouvent leur compte. Ils préfèrent se déplacer dans cette commune de la wilaya de Mila pour leurs besoins de soins ou de commerce. Certains clament qu’ils auraient préféré appartenir à cette wilaya qui n’est éloignée que de 35 km, alors que Jijel est à plus de 80 km. Que ce vœu soit entendu par les pouvoirs publics si un jour un nouveau découpage administratif sera à l’ordre du jour. Rapprocher le citoyen des centres administratifs ne sera qu’une sage décision pour le soulager des longs déplacements. Profitant de la beauté des lieux, de ce paysage féérique de la neige qui couvre de son épais manteau blanc les hauteurs montagneuses, nous avançons plus à l’ouest, vers Ouled Asker.
A Ouled Asker, les citoyens revivent enfin !
Cette commune rurale à contour montagneux est mieux nantie. Même si l’eau ne suffit pas à couvrir les besoins de la population, elle est couverte presque à 100% en gaz naturel. Elle dispose d’un lycée et bénéficie d’une meilleure couverture sanitaire et d’un certain dynamisme commercial. Dans l’une des boulangeries du village, le pain sans sel est offert gratuitement. Un bienfaiteur l’a mis à la disposition des personnes ayant un régime diététique pour en bénéficier. Prenant une direction au nord-est, c’est vers la commune de Bouraoaui Belhadef que nous continuons notre bonhomme de chemin. Tout au long du CW 135 B, des localités entières sont désenclavées. La route est praticable et le mouvement de transport est plus présent. Des bus circulent dans toutes les directions et se déplacent à Chahna, Bordj Thar et Bouraoui Belhadef. À l’instar d’Ouled Asker, le gaz naturel s’est démocratisé. Il chauffe tous les foyers de la région. L’eau reste le principal souci de la population locale à Belhadef, dont l’activité commerciale au centre urbain est encore plus dynamique. Plus à l’est, c’est la commune d’Ouled Yahia qui nous accueille non sans traverser plusieurs localités totalement désenclavées. Le bonheur de la population est à son comble quand les habitants peuvent se déplacer dans les meilleures conditions tout au long d’une route récemment aménagée et bitumée à Beni Mimoune. Le gaz est sur le point d’alimenter tous les foyers même si la région manque encore de certaines commodités. Le bonheur est encore plus total de pouvoir se déplacer à travers un territoire d’une beauté exceptionnelle, qui a longtemps souffert
des contraintes de l’isolement. Si le terrorisme est passé par là lors de la décennie tragique, la vie est en train de renaitre de ses cendres dans ces contrées jadis zones d’ombre qui sortent doucement de leur ombre. Pourvu que ces zones bénéficient de plus d’intérêt, car la réhabilitation du monde rural, notamment dans la partie sud de la wilaya de Jijel, est un gage de développement et d’amélioration des conditions de vie de la population.
Par : Amor Zouikri