Tout dernièrement, l’Observatoire du football du Centre International d’Étude du Sport (CIES), basé en Suisse, a établi un classement mondial des championnats de football où il y a le plus de changements d’entraîneurs depuis le début de la saison 2022/2023.
Le championnat algérien de Ligue 1 (professionnel) pointe à la sixième place au monde (60 ligues prises en compte) avec 13 changements, soit un taux de 81,3%. Ce qui, tout de même, est un taux assez élevé, pour ne pas dire dangereux, montrant et démontrant une grande instabilité des staffs dirigeants. Et ce qui a, bien sûr, des répercussions toujours fâcheuses sur le bon déroulement du championnat mais aussi sur l’évolution des clubs… avec, à la clé, des perturbations, souvent dommageables, sur le moral (les joueurs) et les comportements des troupes (les supporteurs).
Bref, là n’est pas la question ! Ici, se pose de manière assez crue (on peut douter de la fiabilité des chiffres du dit-Observatoire et y voir, encore, la « main de l’étranger », mais le simple suivi de la gestion de nos clubs et la lecture régulière de la presse nationale suffit) de la problématique de la gouvernance en général… Une gouvernance chaotique causant moult problèmes, entraînant des défaites continuelles et des relégations… et des heurts entre populations sportives, réelles ou supposées.
Un club de football (ou d’une autre discipline) professionnel est, à l’évidence, une organisation socio-économique ayant son articulation, ses règles de management et des objectifs. Encore plus aujourd’hui avec l’introduction dans le capital d’Entreprises économiques. Et, comme dans toute organisation, on y trouve une multitude de gens y travaillant soit au centre soit à la périphérie. On a donc :
1/Les gens de pouvoir… c’est-à-dire ceux qui financent (ou ramènent les finances nécessaires) et gèrent les moyens et les talents… avec pour objectifs (dans le cadre d’une stratégie globale) une rentabilisation des investissements et une progression dans la hiérarchie… nationale et internationale.
2/Les gens de devoir… c’est-à-dire ceux qui jouent ou travaillent sur le terrain (joueurs et arbitres) pour faire fonctionner , avec rigueur, vigueur , calme, réussites et succès si possible, l’organisation.
3/ Le gens de savoir… c’est-à-dire ceux qui entraînent, élaborent et mettent en œuvre les stratégies et les tactiques pour atteindre des objectifs définis, au départ, avec les gens de pouvoir pour les premières (stratégies) et, à chaque étape ou confrontation, avec les gens de devoir pour les secondes (tactiques)
Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes si chaque catégorie de « gens » se limitait d’abord et avant tout à ne s’occuper que de ce que le management raisonné lui permet. En veillant – en fin de parcours, à chaque fin de saison (avec, à portée de mains ou en tête, la liste des sanctions, les contrats signés et les résultats obtenus )- sur les objectifs stratégiques préalablement définis et sans s’immiscer dans la gestion du quotidien (qui a ses bruits et ses nuisances). Hors cette démarche, on risque fort de s’embourber dans les détails et d’oublier l’essentiel.
Morale de l’histoire… si l’on se cantonne aux résultats finaux du seul foot pro’ lequel, globalement, malgré quelques (rares) succès glanés çà et là, de manière presque accidentelle, et malgré tous les efforts et les encouragements consentis sans compter par l’Etat, et les larges « ouvertures » sur l’extérieur , toujours onéreuses (appel aux entraîneurs et joueurs), il est clair que c’est l’ « interventionnisme » continuel des gens de pouvoir (dirigeants… et autres intermédiaires intéressés) sur la sphère des gens de savoir (entraîneurs) qui est la cause de la situation médiocre des clubs… les gens de devoir (joueurs), mis à part quelques rares détestables exceptions, ne faisant qu’exécuter, sachant pertinemment que sur le terrain, seul le talent paie.
Tout ceci dit pour le foot pro’ en particulier et pour le sport de performance en général. Et en politique ? Et en économie ? Et…
Par : Belkacem AHCENE- DJABALLAH