Par : M. Rahmani
Vraisemblablement, cette année encore, Annaba payera une dîme en concédant d’innocentes victimes aux chauffards de ces engins de mort que sont les jet-skis, devenus un véritable phénomène sur le littoral, à proximité des plages.
En effet, ces bolides arrivent à une vitesse vertigineuse fendant les eaux et soulevant derrière eux de grosses vagues faisant fuir ainsi les estivants qui se précipitent sur la plage de peur d’être heurtés par ces engins.
Pourtant, la loi réglementant l’utilisation de ces véhicules marins est très claire et ne peut être ignorée par les propriétaires exploitant les jet-skis qu’ils louent au prix fort aux jeunes venus d’un peu partout s’essayer à la conduite de ces bolides. Ainsi, la réglementation interdit la circulation de ce type de véhicules à moins de 100 mètres, que ledit véhicule doit avoir une assurance en bonne et due forme et que le conducteur doit posséder un permis pour circuler en mer avec l’engin en question.
Mais il faut reconnaître que cela reste juste une réglementation sans plus et ce, en l’absence de son application ou de contrôle effectif quant à son respect.
Ces véhicules, conduits par des jeunes sans aucune expérience, s’approchent dangereusement de la plage juste pour frimer ; le « m’as-tu vu » fait fureur et chaque conducteur essaye d’attirer l’attention sur lui en exécutant des tours et des manœuvres risquées presque au milieu des baigneurs, malgré les cris de ces derniers et les appels des parents restés sur la plage. Mais cela ne dissuade nullement ces inconscients qui continuent à se pavaner sur leurs bolides.
Ces comportements ne manqueront sûrement pas de provoquer des accidents comme cela a été le cas l’année passée lorsqu’au mois de septembre, l’un de ces bolides arrivant à toute vitesse à hauteur de la plage Rezgui Rachid, ex-Saint Cloud, avait heurté violemment une jeune fille de 19 ans la blessant sérieusement à la tête heureusement sans gravité. Durant le même mois, ce fut à la plage Reffès Zehouane, ex-Toche, qu’un jeune homme a été victime à son tour de ces comportements pour le moins répréhensibles de la part de ces chauffards. Le jeune homme se baignait tranquillement lorsqu’il a été heurté de plein fouet par un jet ski, il s’en était sorti avec 16 points de suture à la tête.
Plus loin dans le temps, le 27 juillet 2017, c’est un homme de 42 ans, père de 2 enfants qui avait perdu la vie, victime de l’un de ces engins de mort conduit à toute vitesse par un jeune au niveau de la plage « La Caroube » à Annaba.
La victime avait pourtant été rapidement prise en charge par les secours, représentés par les éléments de la Protection civile, dont le médecin et les aides-soignants, mais celle-ci souffrant de graves traumatismes au niveau du crâne n’avait pu être sauvée. Le corps sans vie avait été évacué sur la morgue de l’hôpital Ibn Rochd sous le regard de dizaines de baigneurs qui s’étaient rassemblés sur la plage.
Hier encore, ces bolides terrorisant les baigneurs et ce, sous les regards impuissants des services de sécurité présents sur les lieux et qui font régulièrement leurs rondes. Les Garde-côtes, absents des lieux, ont abandonné depuis longtemps le contrôle de ces engins, occupés qu’ils sont à lutter contre l’émigration clandestine, ne pouvant de ce fait être au four et au moulin. Les risques sont grands pour les baigneurs et il se pourrait que cette année aussi de nouvelles victimes soient déplorées ; il faudrait une réaction énergique face à cette situation qui devient un vrai problème de sécurité pour les citoyens.
La solution à ce problème serait un contrôle permanent au niveau des loueurs de jet skis pour vérifier les contrats d’assurance, les permis d’exploitation et de conduire pour ceux qui veulent conduire ces engins et veiller à ce qu’ils respectent effectivement la distance des 100 mètres prévue par la réglementation. L’idéal serait d’instituer une Gendarmerie maritime comme c’est le cas dans d’autres pays.