Par : A.Ighil
Le complexe sidérurgique d’El Hadjar connaît depuis plusieurs années un déficit chronique dû, particulièrement, à ses problèmes de trésorerie et de maintenance ; mais aussi au manque de matières premières. Durant toutes ces années, c’était l’État qui épongeait très souvent ses dettes et renflouait sa trésorerie pour le sauver de la faillite. En septembre 2021, Ahmed Zeghdar, ministre de l’Industrie, a évoqué « Une nouvelle approche pour remédier aux lacunes constatées et élever le niveau de gestion du complexe ». Le complexe devait faire l’objet d’une nouvelle et importante opération de restructuration pour une meilleure gouvernance, mais qui se fait toujours attendre. Une usine qui n’arrive pas, aujourd’hui, à financer l’activité de production, de l’aveu même du président du Conseil d’administration, d’un million de tonnes d’acier produits au départ, il a depuis chuté à 600.000 tonnes, jusqu’à se situer, aujourd’hui, à 200.000 tonnes. Avec des arrêts à répétition du haut fourneau, considéré comme le cœur du métier, pour manque de matière première, en l’occurrence le coke. Cela cause de multiples tracas à la direction, l’obligeant à programmer des travaux de maintenance. Les arrivages du coke se comptent au compte-gouttes à cause de la paralysie de toute la zone chaude. La dernière cargaison de 34.000 tonnes de coke en provenance de Russie a été saluée. Cette cargaison a été acquise au prix compétitif de 600 dollars la tonne alors que le prix a atteint sur le marché mondial 800 dollars la tonne. Alors qu’une seconde cargaison de 27.000 tonnes est à quai au port de Annaba. Pour ce qui est du haut fourneau en arrêt, le directeur général du complexe promet son redémarrage dans les prochains jours.
L’épineux dossier des faux diplômés
Pour Lotfi Kamel Manaa, DG de l’entreprise, l’affaire a été déclenchée en 2019, lors du règne de Maatallah Chems Eddine, qui a ordonné la vérification de l’authenticité des diplômes des nouveaux recrutés. Pour notre interlocuteur, les responsables des centres de formation ont anticipé pour alerter le chef de l’exécutif. Ce dernier a transmis une correspondance au ministre de l’Industrie pour qu’une enquête soit déclenchée. Dans cette affaire, Manaa pointe du doigt le fonctionnement des structures de l’ANEM qui ont un droit de regard sur les profils des demandeurs d’emploi. À la demande du procureur général, les mis en cause ont bénéficié d’un CDD de trois mois renouvelable jusqu’au déclenchement de l’enquête, alors que ceux qui sont hors de cause ont été permanisés. Le DG nous confirmera la convocation, lundi dernier, de 23 d’entre eux, aux locaux de la Gendarmerie nationale pour les auditions. L’enquête est toujours en cours.
Blocage du très attendu plan de développement
Pour ce qui est du plan de développement, très attendu par les dirigeants du complexe Sider El Hadjar, qui serait une bouffée d’oxygène face à l’asphyxie financière que vit l’entreprise, ce dernier est bloqué au niveau du conseil des participation de l’État depuis de longues années. Pour certains observateurs, les prémices de l’exécution du volet social existent. Une cinglante affirmation disant que « Le complexe n’est plus une priorité pour l’État algérien, à voir l’entreprise Tosyali, en pleine croissance, qui a lancé la production des produits plats qui étaient l’exclusivité de l’usine d’El Hadjar. Une entreprise livrée à elle-même qui doit vivre de ses propres moyens ». Mais l’entreprise Sider dispose d’un savoir-faire et d’un foncier important, doté de plusieurs poches et d’installations annexes qui permettent l’investissement. Selon ces observateurs, le partenariat avec Tosyali ou les Qataris notamment, qui sont arrivés à s’implanter en Algérie pour faire revivre ce patrimoine industriel dont le bilan est peu reluisant.