Par : Bouchra Naamane
Chaque jour que Dieu fait est synonyme de combat, de détermination et d’amour du travail humanitaire pour les membres de l’association Ness El Khir, dont la mission est de prendre en charge des patients atteints de différents types de cancers traités au niveau du centre anti-cancer d’Annaba.
Pour mieux comprendre le travail que font les membres de cette association, il suffit simplement de visiter le centre «Toit de vie», sis à la cité Oued Forcha. C’est au niveau de ce centre que les patients et leurs accompagnateurs, venant des quatre coins du pays, sont hébergés durant la période dans laquelle les malades suivent leurs traitement de radiothérapie ou de chimiothérapie au niveau du CAC d’Annaba. Etant proches des différentes catégories de la population, un groupe de jeunes bénévoles a constaté le calvaire que vivaient les malades venant de très loin afin de recevoir un traitement médical qui est, pour le moins que l’on puisse dire, lourd et épuisant. « Ce n’est pas évident de faire des trajets de centaines de kilomètres pour arriver à une ville qu’on ne connait peut-être pas du tout, en étant dépourvu des moyens financiers, permettant un hébergement adéquat durant les périodes de traitement qui peuvent durer des mois » nous explique M. Wissem Merakha, le président de l’association, tout en ajoutant que « Ce n’est pas au niveau du CAC que ces patients passent ces périodes difficiles, ils suivent leurs séances de chimiothérapie pour se retrouver par la suite contraints de chercher un endroit pour se reposer et passer la nuit ».
Notre interlocuteur explique, qu’une grande partie de ces patients, souvent accompagnés par leurs familles, ne peuvent pas se permettre de louer une chambre dans un hôtel, faute de moyens. « Nous effectuons des sorties nocturnes au niveau du centre anti-cancer, de l’hôpital Dorban et de la clinique pédiatrique Sainte Thérèse. C’est justement au niveau de ces trois endroits que nous avons souvent trouvé des patients et des familles en provenance des wilayas situées à plusieurs centaines de kilomètres, livrés à eux-mêmes ne sachant même pas où passer la nuit ».
Il ne s’agit pas seulement d’héberger ces patients. C’est, en effet tout un travail d’accompagnement médical et psychologique ainsi qu’une prise en charge totale, que ce soit en matière de nourriture ou bien de transport. Cette prise en charge peut parfois aller jusqu’à l’approvisionnement des patients en médicaments, étant donné que certains d’entre eux ne bénéficient pas d’une assurance sociale. M. Wissem nous explique que son association regroupe une cellule médicale composé de cinq médecins de différentes spécialités qui assurent aux malades un suivi médical rigoureux et quotidien, des infirmiers, des membres chargés de la cuisine, de l’hygiène et du transport des patients vers le CAC, l’hôpital Dorban pour ceux qui se traitent au niveau du service d’hématologie, et la clinique pédiatrique Sainte Thérèse pour les enfants cancéreux. Ce sont d’ailleurs des informations que nous avons pu confirmer lors de notre visite au niveau du centre relevant de l’association. Plusieurs patients ont assuré qu’ils sont totalement pris en charge et qu’ils sont bien accueillis. « Je suis venu de la wilaya de Laghouat, je suis ici depuis presque un mois. Ces jeunes déploient tous leurs efforts pour que je sois à l’aise. C’est comme si j’étais chez moi. J’ai presque terminé mes séances de chimiothérapie, je rentre prochainement. Ils m’ont promis de me prendre à la plage avant que je rentre » nous confie un vieil homme, hébergé au niveau du centre.
Un combat pas comme les autres
Il est certainement vrai que cette responsabilité n’est pas toujours facile à assumer. On ne parle pas des efforts physiques et intellectuels déployés sept jours sur sept et tout au long de l’année pour accompagner ces patients. On ne parle pas de la difficulté d’assurer certains médicament ou certaines nécessités dont le patient a besoin ou encore la surcharge qui s’impose parfois, lorsque l’on sait que le centre a une capacité d’accueil de 40 lits et que l’association, ayant été créée, il y a de cela deux ans, n’a reçu, jusqu’au moment où nous mettons sous presse, aucun centime de l’Etat. C’est surtout le coût du loyer du centre qui pose réellement un véritable problème. « La location annuelle du centre nous coûte 150 millions de centimes. Nous sommes ici depuis deux ans, ce qui fait que nous avons payé au total 300 millions de centimes que nous avons pu assurer grâce aux contributions volontaires des bienfaiteurs. Cet argent pourrait contribuer à assurer une meilleure prise en charge des patients dans le cas où les autorités locales d’Annaba voudraient bien nous assurer un local. Ça va vraiment nous aider à améliorer ce projet, à continuer à faire ce travail volontaire sans être dans la peur de ne pas être capable de prendre en charge des patients qui nécessitent une aide indispensable » explique Wissem.