Par : Bourbia Alla Eddine
L’acné est l’une des maladies les plus fréquentes en dermatologie, elle touche 3 adolescents sur 5 et peut nous suivre toute notre vie ! Donc qu’est-ce qu’une acné hormonale ? Et que pouvons-nous faire pour la prévenir ?
L’acné hormonale est une acné liée aux fluctuations hormonales, elle touche majoritairement les adultes et est particulièrement plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. Ceci s’explique par le fait que les femmes sont sujettes à plusieurs changements hormonaux durant leur vie tels que les menstruations, la grossesse, l’arrêt ou la prise d’une contraception hormonale ainsi que la ménopause entre autres. Sur le plan épidémiologique, il est estimé que 50 % des femmes âgées de 20 à 29 ans souffrent d’acné contre 25 % des femmes âgées de 40 à 49 ans. (source : Christin N.Collier et al. The prévalence of acne in adults 20 years and older. J Am Acad Dermatol)
Quelles sont les hormones responsables de l’acné ?
Il existe plusieurs hormones qui contrôlent la production de sébum par la glande sébacée et qui agissent en parfaite synergie dans un équilibre complexe à l’état normal, leur déséquilibre peut influencer la production de sébum par ces dernières en l’augmentant et ainsi causer l’acné.
D’une part, il y a les androgènes qui sont les principales hormones qui induisent l’activité des glandes sébacées (il est noté que chez les patients acnéiques, ces dernières sont présentes en plus grande quantité que chez les patients non-acnéiques). D’autre part, il y a l’œstrogène et la progestérone qui jouent un rôle anti-androgène chez la femme. De ce fait, lorsque l’équilibre hormonal penche en faveur des androgènes, soit quand il y a excès d’androgene ou au contraire une baisse du taux d’œstrogènes d’une femme, l’acné peut apparaitre ou s’aggraver par stimulations des glandes sébacées (c’est le cas juste avant le début du cycle menstruel par exemple). Dans le cas contraire, lorsque l’équilibre hormonal penche en faveur des hormones anti-androgène (œstrogènes et progestérone) comme lors de la prise d’œstrogènes exogènes (pilule contraceptive orale) un effet bénéfique caractérisé par une diminution des lésions acnéiques est noté, chose expliquée par la baisse de la production de sébum.
De plus, le stress peut aggraver l’acné par la libération d’une hormone spécifique qui est le cortisol, Cette hormone va stimuler les glandes surrénales, Ces glandes produisent différentes hormones qui augmentent la production de testostérone qui elle-même stimule la production de sébum par les glandes sébacées.
Quant à la testostérone, elle est présente chez la femme en quantité insuffisante généralement pour stimuler les glandes sébacées et joue donc un rôle moindre dans la genèse de l’acné hormonale.
En addition, le manque de sommeil, le manque d’activité physique et les émotions peuvent interférer avec l’équilibre hormonal en place et donc être incriminés dans la genèse de l’acné hormonale.
Votre acné est-elle vraiment hormonale ?
L’acné hormonale présente plusieurs signes cliniques et peut être associée à d’autres troubles hormonaux en même temps tels que des règles irrégulières ou abondantes, absence ou très grande pilosité, troubles de la libido et troubles de fertilité entre autres.
Le plus souvent, il y a la présence du kyste ou d’une boule avec des boutons très douloureux et qui prennent très longtemps pour partir, ces signes sont causés par l’accumulation du sébum lorsqu’il y a stimulation excessive des glandes sébacées par les androgènes.
L’emplacement des lésions est typique, généralement dans la partie inférieure du visage comme le menton et les maxillaires, cette disposition particulière aide à faire la différence entre l’acné hormonale et les autres types d’acné. Cette méthode s’appelle le “ Face Mapping “. Autre particularité de cette acné, elle varie pendant les cycles menstruels de la femme.
Comment faire pour traiter et prévenir l’acné hormonale ?
En première intention, des topiques à base de peroxyde de benzoyle, isotrétinoïne ou antibiotiques à appliquer localement sont préconisés. Si l’acné hormonale est sévère, le dermatologue peut vous prescrire directement un traitement à base d’isotrétinoïne par voie orale, néanmoins ce traitement nécessite un bilan préalable pour déceler toutes contre-indications qui sont : la grossesse et l’allaitement, l’insuffisance hépatique, l’excès des lipides dans le sang et l’association avec un antibiotique de la famille des cyclines en plus d’une surveillance biologique et une contraception stricte au cours du traitement. Le traitement peut aussi faire appel à des médicaments qui freinent l’hyperactivité des androgènes comme la pilule œstroprogestative. Il est important de préciser qu’il faut compléter le traitement avec des crèmes exfoliantes pour assécher et exfolier la peau ainsi qu’ un nettoyage de la peau qui vise à extraire les points noirs. Il faut aussi traiter toute cause susceptible de déclencher ou d’aggraver les lésions.
Si vous avez un profil acnéique, il faut éviter d’appliquer des crèmes grasses, des huiles, des produits cosmétiques gras, des fonds de teint occlusif sur le visage. L’épilation est aussi déconseillée car elle agresse la peau, Prendre certains médicaments (les corticoïdes) ou certains compléments alimentaire à base de vitamine B risquent d’aggraver l’acné hormonale et donc il est nécessaire d’éviter cela. De plus et selon des études récentes, il semblerait que l’alimentation joue aussi un rôle dans la genèse de l’acné et qu’une alimentation équilibrée puisse contribuer à la prévention de cette dernière.
Au final, l’acné hormonale est chronique et a tendance à récidiver fréquemment. De ce fait, la prévention pour les gens qui ont un profil acnéique est le meilleur traitement, cela passe principalement par un bon sommeil, un régime alimentaire équilibré, une bonne gestion du stress et une activité physique régulière en plus d’un bon suivi du traitement et des conseils du médecin qui représentent un pilier pour la restauration de l’équilibre hormonale.
Membre du club Averroès Faculté de médecine de Annaba*