Le port de Vigo, principal débouché maritime de la Galice, enregistre en 2025 un tournant majeur dans ses échanges extérieurs : l’Algérie est devenue, pour la première fois, sa première destination d’exportation, devançant les partenaires européens historiques. Ce basculement illustre la montée en puissance du secteur automobile et, surtout, l’impact décisif de l’implantation du constructeur Stellantis à Oran, qui redessine les flux commerciaux entre les deux rives de la Méditerranée.
Une explosion des échanges en deux ans
Selon le quotidien espagnol Atlántico, les échanges entre Vigo et l’Algérie étaient encore insignifiants en 2022, ne dépassant pas 198 opérations commerciales pour un montant total de 14 500 euros. Deux ans plus tard, entre janvier et juillet 2025, le volume atteint 574 000 opérations et un chiffre d’affaires de 273 millions d’euros. L’automobile en est le moteur principal, représentant à elle seule 155 millions d’euros de pièces et composants expédiés depuis Vigo, soit près d’un tiers du total. Cette envolée démontre le rôle central pris par le secteur industriel dans la relation économique entre l’Espagne et l’Algérie.
Stellantis, catalyseur du nouveau lien industriel
Le véritable levier de cette mutation réside dans la mise en service de l’usine Stellantis de Tafraoui, près d’Oran, opérationnelle depuis 2023. Ce complexe industriel, intégré à la stratégie « Middle East & Africa » du groupe, assemble plusieurs modèles Fiat destinés aux marchés africains. Grâce à lui, le port de Vigo s’impose comme un maillon logistique essentiel dans un réseau reliant désormais la Galice à Kénitra (Maroc), Port-Saïd (Égypte) et Bursa (Turquie).
Traditionnellement orienté vers la pêche et la construction navale, le port galicien poursuit ainsi sa diversification, profitant de la relocalisation partielle de certaines activités industrielles vers le sud de la Méditerranée. Cette évolution compense le ralentissement des exportations vers les États-Unis, affectées par les tensions commerciales et les droits de douane.
Au-delà du seul cas de Vigo, la progression fulgurante des échanges avec l’Algérie traduit un rééquilibrage structurel entre l’Europe et le Maghreb. Tandis que la production industrielle se développe de plus en plus au sud, la logistique et les infrastructures demeurent concentrées au nord. Ce mouvement discret, mais durable, confirme l’intégration progressive des économies nord-africaines dans les chaînes de valeur européennes — un tournant économique que le port de Vigo illustre désormais à grande échelle.
Par : S.A.B.