Les routes algériennes continuent d’endeuiller des milliers de familles. Selon le dernier bilan de la Délégation nationale à la sécurité routière (DNSR), les huit premiers mois de 2025 ont été particulièrement meurtriers, avec 18 395 accidents corporels, soit une hausse de 0,99 % par rapport à 2024. Ces sinistres ont causé 2618 décès (+0,5 %) et 25 399 blessés (+2 %).
Derrière ces chiffres se cachent des drames humains et un coût socio-économique lourd. Le facteur humain reste la cause dominante de ces accidents, responsable de près de 95 % des cas. Excès de vitesse, manœuvres hasardeuses, non-respect du code de la route, mais aussi « conduite sous l’emprise de psychotropes ou d’alcool » figurent parmi les comportements les plus dangereux.
Les jeunes conducteurs en première ligne
« Chaque blessé, chaque décès est une perte pour la famille et pour le pays », a rappelé Lahcen Boubka, directeur d’études à la DNSR, lors d’une intervention à la radio Chaîne 3. Il souligne que nombre de victimes gardent des séquelles à vie, nécessitant une prise en charge longue et coûteuse.
Les statistiques révèlent que les jeunes conducteurs – titulaires d’un permis depuis moins de cinq ans – sont les plus impliqués. Pour remédier à cette tendance, la DNSR a révisé son plan de formation en y intégrant des modules de mécanique, de premiers secours et de conduite économique. Le volume horaire a été renforcé : de 25 à 30 heures pour la catégorie B et de 15 à 20 heures pour la catégorie C.
Parallèlement, un contrôle accru des auto-écoles a été instauré. Seules celles disposant de moniteurs certifiés (CAP) sont désormais autorisées à présenter des candidats. Les structures non conformes risquent des sanctions et une interdiction de fonctionnement.
Des routes dégradées et un parc automobile vieillissant
Outre les comportements imprudents, les infrastructures routières restent un facteur aggravant. La DNSR a recensé 425 points noirs à travers les 58 wilayas. Ces tronçons dangereux, souvent théâtre d’accidents répétés, nécessitent une attention urgente. Sur ce total, 224 ont été traités, tandis que 184 sont encore en cours d’aménagement. Les wilayas de Mila (55 points noirs), Tipaza (44) et Annaba (34) sont parmi les plus touchées.
L’état du réseau routier, combiné à la vétusté du parc automobile, accentue le risque d’accidents. Depuis l’arrêt des importations de véhicules en 2019, les voitures vieillissent et les concessionnaires sont à l’arrêt. La rareté des pièces détachées rend, de surcroît, l’entretien plus difficile.
« Cette dégradation du parc se traduit par une hausse du risque mécanique et par des accidents parfois dus à des défaillances techniques », a expliqué Lahcen Boubka, citant l’exemple tragique du bus d’El Harrach, impliqué dans un accident mortel alors qu’il « circulait sans autorisation ».
Pour la DNSR, il est urgent d’agir sur tous les fronts (formation, contrôle, infrastructures et sensibilisation) afin d’instaurer une véritable culture de prévention routière et de mettre un terme à cette hécatombe évitable.
Par : S.A.B.












