Dans le cœur historique d’Annaba, où subsistent encore plusieurs bâtisses ottomanes et édifices emblématiques, mais où, inexorablement, d’autres s’effondrent les unes après les autres, l’effondrement récent d’une maison ottomane située au 5, rue Medani Abdel Chakour, a ravivé l’inquiétude quant à l’avenir du patrimoine architectural de la Vieille ville.
Ce bâtiment, témoin du passé glorieux d’Annaba, renfermait des siècles d’histoire entre ses murs. Sa disparition ne fait qu’alourdir la liste des structures historiques en péril, menaçant ainsi l’identité culturelle de la ville.
Depuis plusieurs années, la Vieille Ville, classée secteur sauvegardé de 18 hectares, est en proie à une détérioration alarmante. Malgré son classement et la mise sous tutelle de l’Agence nationale des secteurs sauvegardés, les promesses de réhabilitation peinent à se concrétiser. En octobre 2023, le député Hadi Tebsi a interpellé la ministre de la Culture sur l’urgence de la mise en œuvre du plan de sauvegarde. Il a, alors, été annoncé que ce dernier entrerait en vigueur en 2024, mais l’attente continue.
Les habitants et les défenseurs du patrimoine ne dénoncent que les interventions n’ayant lieu qu’après un effondrement. L’exemple de la bâtisse de la place des Dunes, classée menaçant ruine depuis 2013 et finalement démolie en 2021 après des années d’inaction, illustre cette lenteur administrative.
L’absence d’application des arrêtés de protection, le manque de suivi des diagnostics et l’inaction des autorités locales mettent non seulement en péril des pans entiers du patrimoine bâti, mais aussi la sécurité des habitants. Comme le souligne un architecte local, «cette situation risque de causer une double perte : celle de vies humaines et celle de notre héritage culturel».
Face à ce constat préoccupant, une question demeure : Annaba saura-t-elle sauver son histoire avant qu’elle ne s’effondre sous le poids de l’indifférence?
Par : Ikram Saker