Par : Bouchra Naamane
L’auteur de la vidéo incitant à rayer la Kabylie de la carte de l’Algérie, répondant aux initiales de R.B a été mis sous mandat de dépôt dans l’affaire liée au discours de la haine et incitation à la violence tandis qu’il a bénéficié d’une liberté provisoire dans une autre affaire relative à l’incitation au crime et atteinte à l’ordre public. L’audience a été reportée pour le 30 août 2021.
Le concerné a été présenté par devant le procureur de la République, près le tribunal d’Annaba dans la journée d’hier. Il s’agit de deux affaires distinctes relatives à la diffusion sur les réseaux sociaux de deux vidéos comportant un contenu pouvant être qualifié de subversif. Le jeune « Rayfa » avait publié une vidéo dans laquelle il a directement incité à haine raciale et à la violence en appelant à « rayer la Kabylie de la carte de l’Algérie ». Pour ce qui est de la deuxième vidéo, ayant été diffusée après l’annonce de la décision portant sur la fermeture des plages dans le cadre des mesures de confinement, le concerné avait « menacé » le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de revenir à la criminalité étant donné qu’il a perdu son job de parkingueur.
Lors de la présentation de l’accusé, le procureur a requis son placement sous mandat de dépôt pour les deux dossiers. Les avocats ont plaidé pour la liberté provisoire ou le contrôle judiciaire prétextant que la loi contre le discours de la haine est nouvelle (entrée en vigueur en 2020) et qu’elle n’a jamais été utilisée. Pour sa part, le juge a donné à l’accusé une véritable leçon de morale sur l’union, la fraternité et l’unité nationale expliquant au passage que c’est la colonisation française qui avait tenté de diviser les Algériens en semant la discorde, le régionalisme et le racisme et ce, afin de mieux régner. “La France coloniale n’y est pas parvenue”, a expliqué le juge à l’accusé. « “Où allons-nous avec cette mentalité de régionalisme ? Il faut éviter la fitna !”, a encore lancé le juge avant de conclure sur un constat « ce qui arrive sur les réseaux sociaux est catastrophique ».
Ainsi, le concerné est poursuivi dans la première affaire pour « incitation à la haine et à la violence » en vertu de l’article n° 32 de la loi relative à la prévention et à la lutte contre la discrimination et le discours de la haine qui stipule que « le discours de la haine est passible d’une peine d’emprisonnement de trois (3) ans à sept (7) ans et d’une amende de 300.000 da à 700.000 da, s’il comprend l’appel à la violence » ainsi que l’article n° 39 de la même loi qui précise que « la tentative des délits prévus par la présente loi, est punie des mêmes peines prévues pour le délit lui-même ». Pour ce qui est de la deuxième affaire, il s’agit d’ « incitation au crime et atteinte à l’ordre public en vertu de l’article n° 41 du code pénal algérien qui stipule que « sont considérés comme auteurs tous ceux qui, personnellement, ont pris part directement à l’exécution de l’infraction, et tous ceux qui ont provoqué l’action par dons, promesses, menaces, abus d’autorité et de pouvoir, machinations ou artifices coupable ainsi que l’article n°350 précisant que « Quiconque soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient pas est coupable de vol et puni d’un emprisonnement d’un (1) an à cinq (5) ans et d’une amende de cent mille (100.000) da à cinq cent mille (500.000 da) (…) La tentative du délit prévue à l’alinéa précédent est punie des mêmes peines que l’infraction consommée ». Il s’agit également de l’article n° 442 du code pénal relatif à l’atteinte à l’ordre public.