Sur le bitume brûlant, les sans-abri suffoquent plus que les autres. Alors que la température ont dépassé les 40 degrés par endroits ce samedi, les personnes à la rue peinent à trouver un peu d’air frais. Sans toit pour se protéger ni robinet à proximité, elles sont particulièrement exposées à la chape de chaleur qui touche le pays cette semaine et font partie des premières victimes du dérèglement climatique dans le pays.
Comme à chaque envolée du thermomètre, les pouvoirs publics alertent la population sur les conduites à tenir pour se protéger de la chaleur. Les consignes de sécurité varient peu : boire beaucoup d’eau, se protéger du soleil en mettant des crèmes notamment, garder son logement au frais et si possible éviter de sortir. Une frange de la population semble une fois encore laissée à la marge : les personnes sans domicile fixe. Pourtant, les sans-abri figurent parmi les populations les plus exposées aux fortes chaleurs, qu’ils soient à la rue, en logement de fortune, dans des bidonvilles. Qu’en est-il de leur situation eux, qui sont les plus fragiles face aux grandes chaleurs ? La canicule qui sévit dans tout le pays affectera sans conteste les sans-abris qui sont plus sujets aux insolations, mais également à l’épuisement, car ils n’ont aucun répit.
À même les trottoirs, les SDF « écrasés » par la canicule
L’image du SDF qui meurt de froid est bien ancrée dans l’imaginaire populaire, et souvent entretenue par les médias. On peut avoir l’impression qu’à l’inverse, l’été, les sans-abris n’ont plus de problèmes. C’est tout le contraire, les personnes sans domicile fixe n’attendent pas l’hiver pour mourir. Pour eux, se protéger des événements météorologiques extrêmes tels que la canicule est un enjeu de survie. Sans logement, sans famille, ils doivent faire face aux pics de température. La chaleur extrême les tétanise autant que le froid. On peut les voir complètement endormis à même le trottoir, gisants plutôt, véritables épaves humaines n’ayant pas une seule once de force. L’hiver, des maraudes existent à travers le territoire national, des associations, des collectifs viennent en aide aux sans-abris. Des appels aux dons sont fréquemment lancés ç travers les réseaux sociaux pour des couvertures, des vêtements et des repas chauds. L’été c’est tout autre chose. On a l’impression que les personnes de la rue, peuvent se débrouiller, cela aurait été sans doute vrai. Sauf que la planète se réchauffe et les températures sont aussi extrêmes qu’en hiver.
Sans toit et sans ressources
Le profil des personnes qui vivent dans la rue, est connu. Hommes, femmes, malades mentaux, handicapés et même des familles entières sont là à la rue sans ressources ni toit pour s’abriter. La situation insoutenable que vivent ces personnes se trouve aggravée par l’arrivée des grosses chaleurs. On les retrouve recroquevillés sur eux-mêmes à chaque coin de rue, souvent avec pour literie des cartons de récupération impuissants pour lutter contre la canicule. Leur nourriture, ils ne la cherchent presque plus, tant ils sont pétrifiés par la chaleur, dans les décharges publiques, sous le regard indifférent des passants, eux-mêmes confrontés aux dures réalités d’un quotidien loin d’être aussi simple.
En attendant l’hiver et le Ramadhan
Durant les mois de juillet et août, les personnes sans domicile subissent une double peine : les habitants sont finalement très peu sensibilisés aux difficultés de la vie à la rue l’été et donc moins propices à se mobiliser et aider
Faut-il attendre l’hiver ou le mois sacré du Ramadhan pour faire preuve de solidarité ? L’hiver dernier, marqué par un forte vague de froid, l’élan de solidarité envers les couches sociales les plus défavorisées, notamment les démunis et les sans-abri, s’était ébranlé en faveur de cette population vulnérable dans plusieurs régions du pays. De même durant la période du Ramadhan qui voit chaque année se multiplier les points d’accueil pour rompre le jeun. Des aides ponctuelles pour des citoyens qui en ont besoin toute l’année. Doit-o attendre que les pouvoirs publics se penchent sur cette population en temps de canicule. Cela est leur rôle, nul doute là-dessus mais en attendant chacun peut agir pour soulager de la chaleur les personnes qui vivent dans la rue.
Que faire ?
Mais alors que le thermomètre grimpe, comment agir à son petit niveau pour venir en aide et soutenir les personnes sans domicile fixe éprouvées durant cette période ?
Distribuer des bouteilles d’eau fraîche est courant il est vrai, ma solidarité des Algériens est légendaire, mais cela ne suffit pas. Chacun peut distribuer des casquettes, des chapeaux, des parapluies (en guise de parasols), pour aider ces personnes à se protéger lors des fortes chaleurs. Tous ces petits gestes aident. Mais ils ne constituent pas à eux seuls une réponse à la problématique dans sa globalité. S’il est important de prendre des mesures d’urgence pour assurer la survie des gens qui vivent en rue, il ne faut pas que cela empiète sur les vraies solutions, telles que le logement ou la prise en charge thérapeutique.
La mise en place d’un système efficace de protection des personnes vulnérables, nécessite des politiques sociales fortes et pérennes. Le travail social est l’élément le plus important de tous les systèmes de protection. Il constitue les réponses apportées en termes de services, programmes, ressources humaines et autres qui permettraient d’atténuer les situations à risque, les facteurs de vulnérabilité et leurs incidences négatives sur la population sans-abri.
L’été les personnes SDF souffrent d’hyperthermie, de déshydratation ou encore d’insolation. Elles sont tout autant fragilisées qu’en hiver pourtant les aides et l’engagement des citoyens diminuent. Une des solutions pour protéger ceux qui dorment dehors : la solidarité.
Par : Aly D












