Il n’est un secret pour personne que bon nombre de quartiers duchef-lieu de la wilaya d’Annaba sont ravagés et enlaidis par desextensions anarchiques et des constructions réalisées sans respect desrègles urbanistiques.
En fait, c’est la mafia du foncier qui continue dedominer l’espace urbain en lançant des chantiers à tout-va.L’essentiel est de grignoter des mètres carrés sur un sol qui vaut desdizaines de millions de centimes le mètre. Et les exemples foisonnent.
Le plus édifiant, et qui a défrayé toutes les chroniques, c’est celuidu projet de réalisation d’une tour en R+14, avec trois sous-sols, qui aprovoqué l’effondrement de la chaussée du bd Mohamed SeddikBenyahiaau mois de décembre dernier. Suite à ce gravissime incident,l’inquiétude est toujours présente parmi les riverains de la cité des100 logements d’Oued Kouba.Ces derniers considèrent que ce projet, désastreux, aété validé sans respect des règles d’urbanisme et en modifiant le POS(Plan d’occupation des sols).Ce projet a été approuvé, mais laréglementation n’a pas été respectée. À savoir que le législateur aplafonné le coefficient d’occupation des sols(COS) à 1 dans des zonesurbanisées.
Par ailleurs, certains architectes ont, à maintes reprises,dénoncé «le non-respect des distances (servitudes) des bâtimentsprojetés par rapport aux limites du terrain d’implantation et del’environnement immédiat par l’occultation de certaines règles».
Autres dérives constatées, «le non-respect de l’homogénéité, del’harmonie, de la typologie et de l’intégration des constructionsprojetées par rapport à leur environnement. Le dépassement outrancierdes hauteurs moyennes des constructions par rapport aux constructions existantes ; mais aussi une imprécision chronique des orientations àdesseins au détriment du cachet architectural des différents tissusurbains de la ville, qualifiée jadis de Coquette».
Un contrôle d’urbanisme illusoire
Il est souvent constaté la non-conformité des travaux deconstruction avec des autorisations délivrées en bonne et due forme, entre autres, l’implantation des projets par rapport aux voies, laréalisation des bâtisses inexistantes sur le permis délivré, lenon-respect des hauteurs et niveaux, mais aussi l’ouverture des baiessur le voisinage au mépris des articles 709,710 et 711 du code civil.Ces dépassements sont encouragés par un contrôle d’urbanismeinexistant conformément à loi 90-29 du 1er décembre 1990, relative àl’aménagement et l’urbanisme, principalement ses articles 73 et 74.Alors que la loi 08-15 de mise en conformité a été appelée à larescousse de la mise en conformité de certaines constructions. Il aété également jugé que la délivrance des actes d’urbanisme est enflagrante contradiction avec les décrets exécutifs 91-176 et 15-19, et
de la passivité complice de la constatation officielle de la cessiondes lots de terrain à bâtir en l’inexistence des certificats deviabilité obligatoires en préalable à la vente et par la délivranced’un permis de construire.
Il est courant que certaines bâtissessoient exploitées en l’absence d’un certificat de conformité exigé parle législateur. Il est connu de tous que des terrains du Cap de garde,à la cité Seybouse, relevant du domaine public maritime, sont exploités, défiant ainsi l’autorité de l’État.
Cette affligeante et tristeréalité imposée, depuis des décennies, à la ville d’Annaba, dont lepatrimoine et l’urbanisme sont dévastés, mais également auxpétitionnaires respectueux des lois de la République, devenus lesvictimes de ses errements et dépassements incontrôlés. Des appels sontlancés pour que le service public soit remis sur rail afin de mettreen application les directives des plus hautes instances de l’État.
PAR : A.Ighil